Comment vérifier la qualité d'une huile essentielle ? Est-ce à la portée de n'importe qui ou faut-il un BAC+5 en chimie organique ? Du point de vue d'un expert en aromathérapie ou d'un commerçant, les connaissances à accumuler afin de maitriser la qualité de ces produits doivent être à la fois pointues et vastes. Mais du point de vue d'un utilisateur d'huiles essentielles, il est tout à fait possible de faire la part des choses, de séparer les bons flacons des médiocres, voire des mauvais. C'est l'objectif de ce guide : vous rendre autonomes dans l'analyse critique de la qualité d'une huile essentielle.
Cet article a été mis à jour le 08/06/2023Les huiles essentielles sont des produits naturels, aux puissantes vertus thérapeutiques et en général d'une forte valeur marchande. L'offre disponible sur le marché des huiles essentielles est en conséquence très diverse en termes de qualité, pour 3 grandes raisons :
Le sujet de la qualité des huiles essentielles est donc un sujet très critique. Il ne s'agit pas de pinaillage, mais de réels facteurs impactants. L'objectif de cet article est de vous aider à vous y retrouver si vous cherchez des huiles essentielles 100% naturelles, pures et de qualité thérapeutique. Pour en savoir plus sur les variations de qualité intrinsèques aux huiles essentielles, rendez-vous ici :
Avant toute chose, précisons chimiquement les faits. Une plante contenant des pesticides donnera une huile essentielle contenant des pesticides. La distillation ne filtre pas les pesticides, et ceux-ci sont malheureusement présents dans les huiles essentielles. L’usage des pesticides en agriculture biologique est très encadré et plus restreint qu'en conventionnel : les quelques substances phytoprotectrices autorisées ont pour point commun d’être dénuées de toxicité intrinsèque. De plus, la règlementation bio impose de n’utiliser ces substances qu’en cas d’ultime recours, quand aucune autre mesure de prévention n’a pu être mise en œuvre. Contrairement à une plante cultivée de manière conventionnelle, une plante bio présente donc un risque faible de contenir des résidus de pesticides.
D'un point de vue physiologique, il faut rappeler que la biodisponibilité des huiles essentielles est excellente : cela veut dire que les composants des huiles essentielles sont très rapidement présents dans les tissus et le réseau sanguin. C'est ce qui fait leur force, et leur toxicité potentielle. Si vous avez des pesticides dans votre flacon et que vous utilisez ce flacon à des fins thérapeutiques, vous allez donc vous administrer des pesticides (vous ne savez pas lesquels) là où ils peuvent agir directement, sans filtre. L'utilisation d'huiles essentielles non BIO (conventionnelles) pour se soigner doit donc être absolument évité, pour des raisons de santé avant tout.
Si vous recherchez une qualité thérapeutique, nous vous recommandons aussi d'éviter toute marque qui distribuerait des huiles essentielles BIO et conventionnelles selon les produits. Cela arrive souvent, ces marques adoptant le label BIO pour les références où la différence de prix est peu significative (Tea Tree, Menthe Poivrée, Ravintsara, etc.), mais bifurquant sur des huiles essentielles conventionnelles dès que l'écart de prix est plus important, pour des raisons de coût de matière première (Hélichryse Italienne, Camomilles, etc.), de difficulté d’approvisionnement, etc. C'est un signal faible pour l'ensemble de la marque, qui se situe volontairement sur un terrain moins thérapeutique (diffusion bien-être, savons, détergents, etc.).
Du point de la biodiversité, il est aussi précieux de défendre les filières BIO, qui ont l’interdiction d’utiliser des pesticides et engrais de synthèse. Et pour cause, les pesticides ont un fort impact sur la faune terrestre, les herbicides sont responsables du déclin de beaucoup de fleurs et graines indispensables à de nombreuses espèces d’insectes et d’oiseaux et les engrais azotés ont des impacts négatifs sur la biodiversité aquatique. De fait, on trouve en moyenne 30% d’espèces en plus et 50% d’individus en plus dans les parcelles en agriculture biologique que dans les parcelles conventionnelles.
Enfin, du point de vue de la maîtrise des fraudes et de la traçabilité, il faut savoir que les exigences de la certification biologique, même si elles ne sont pas suffisantes, participent à une plus grande maîtrise de la qualité des huiles essentielles. Une marque 100% BIO vous assure que des process de suivi sont en place, et que ceux-ci sont régulièrement audités (2 fois par an en moyenne). Cela permet d'éviter bon nombre de lots fraudés, beaucoup plus nombreux dans les lots conventionnels que dans les lots BIO. Par exemple, en ce moment, la quasi-totalité des lots de Gaulthérie présents sur le marché en conventionnel contiennent environ 30% de salicylate de méthyle de synthèse. En BIO, le taux de fraude sur ce produit est beaucoup plus faible.
Pour conclure : faut-il n'utiliser que des huiles essentielles BIO pour se soigner ? Pour toutes les raisons citées ci-dessus, cela semble assez évident. En allant plus loin, on pourrait même dire qu'il faut privilégier des marques ne commercialisant que des huiles essentielles BIO pour toute utilisation à but thérapeutique.
Le chémotype est un mot couramment employé dans le jargon de l'aromathérapie, mais son interprétation varie, et continue d'évoluer en fonction de la professionnalisation du secteur. À l'origine, ce mot désignait la distinction nécessaire qu'il fallait faire entre un Thym à Thujanol par exemple, et un Thym à Thymol, et cette distinction ne concernait donc que quelques espèces : les thyms, les romarins, les lavandes, etc.
Aujourd'hui, lorsqu'on parle d'une huile essentielle chémotypée, on parle d'une huile essentielle dont les 3 composantes suivantes sont connues du fabricant et précisées sur l'étiquette :
Une huile essentielle chémotypée, c'est donc une huile essentielle définie, jusque sur l'étiquette, sur ces 3 critères : botanique (précisément) + composition (approximativement) + origine (précisément). Si vous ambitionnez de profiter de vertus thérapeutiques via les huiles essentielles, par voie orale ou par voie cutanée, l'utilisation d'huiles essentielles chémotypées est capitale, pour des raisons d'efficacité, mais aussi de sécurité. Vérifiez donc bien vos flacons, et privilégiez grandement les marques indiquant l'origine du lot vendu.
Votre huile essentielle est BIO, elle est chémotypée : c'est déjà très bien, et plutôt rare. Si vous utilisez cette huile essentielle pour purifier l'air de votre habitation avec un diffuseur, ou pour une recette de crème cosmétique DIY, c'est une qualité suffisante. Si vous attendez une utilisation thérapeutique, vous y êtes presque. Il vous reste à vérifier la transparence de la marque concernant les analyses qu'elle fait pour chaque lot.
Dans le cadre donné ci-dessus, les analyses suivantes devraient être effectuée et analysées pour chaque lot d'huile essentielle, afin de rejeter ceux qui ne correspondent pas aux attentes.
Bien sûr, le plan de contrôle établit ne doit pas se réduire à ces analyses, mais en termes d'analyses systématiques, lot par lot, nous avons ici une base suffisante.
Comme il n'existe aucun organisme certificateur pour cette exigence qualité, la transparence volontaire de la marque sur son cahier des charges et les tests qu'elle effectue pour chaque produit est décisive dans la confiance que vous pouvez lui accorder.
Si on récapitule : pour s'assurer de la qualité thérapeutique d'une huile essentielle, il est donc avant tout nécessaire qu'elle soit certifiée BIO, que son chémotype soit précisé et vérifié (qu'elle soit chémotypée), et enfin et surtout que les résultats de ses analyses soient accessibles.
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Publication : Règlement d’exécution (UE) 2021/1165 de la Commission du 15 juillet 2021 autorisant l’utilisation de certains produits et substances dans la production biologique et établissant la liste de ces produits et substances (Texte présentant de l’intérêt pour l’EEE), (J.O. 16 juillet 2021).
Publication : Bengtsson J., Ahnstrom J., Weibull A.C., 2005. The effects of organic agriculture on biodiversity and abundance: a meta-analysis. Journal of Applied Ecology 42: 261-269.
Publication : Hole DG., Perkin, A.J., Wilson J.D., Alexander I.H., Grice P.V., Evans A.D., 2005. Does organic farming benefit biodiversity? Biological Conservation 122: 113-130.
Ouvrage : de la Charie, T. (2019). Se soigner par les huiles essentielles. Pourquoi et comment ça marche ? Editions du Rocher.
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Cet article d'aromathérapie a été rédigé par Théophane de la Charie, auteur du livre "Se soigner par les huiles essentielles", accompagné d'une équipe pluridisciplinaire composée de pharmaciens, de biochimistes et d'agronomes.
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