L’utilisation la plus répandue des plantes séchées, c’est la tisane, remède de grand-mère par excellence. Les tisanes contiennent principalement les extraits hydrosolubles de la plante, c’est-à-dire les extraits solubles dans l’eau. Il existe 3 types de préparations pour faire des tisanes : l’infusion, la décoction et la macération. Tous reposent sur le même principe : mettre en contact la plante avec de l’eau en vue d’en extraire les composés. C’est dans la pratique que l’on va trouver des variations entre ces différents modes de préparation ! Les tisanes ne sont néanmoins pas le seul mode d’utilisation des plantes, il en existe d’autres tels que la macération dans de l’huile, les vins médicinaux, les teintures mères etc. Chaque procédé d’extraction et mode d’utilisation présente ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Les utilisations des plantes peuvent ainsi être déclinées à l’infini !

En infusion

L’infusion est le mode d’utilisation des plantes séchées le plus connu. Il consiste à verser sur la plante à infuser de l’eau frémissante, c’est à dire tout juste bouillante, à une température de 80-90°C. L’infusion est particulièrement adaptée aux parties fragiles des plantes, telles que les fleurs ou les feuilles, ainsi qu’aux plantes riches en substances volatiles et aromatiques (nos fameuses huiles essentielles), qui rappelons-le se dégradent à trop haute température. C’est pour cette raison qu’il est conseillé de toujours couvrir son infusion : pour conserver tous les principes actifs.

La durée d’infusion varie de 5 à 10 minutes généralement, en fonction des plantes :

  • 5 minutes seront suffisantes pour les aromatiques par exemple, qui risquent de libérer des composés amers au-delà, ou les fleurs, qui sont plutôt fragiles.
  • 10 minutes seront nécessaires pour d’autres parties de plantes comme certaines feuilles.

La durée d’infusion dépend des goûts de chacun également, selon si l’on préfère une tisane au goût puissant ou plutôt doux. Dernier conseil : au moment de filtrer, il ne faut pas oublier de bien presser la plante, afin de récupérer tous les principes actifs.

Pour les puristes, il existe une autre forme de préparation pour réaliser une bonne infusion. Le principe reste le même, mais il s’agit ici de mettre les plantes dans l’eau froide, puis de faire chauffer doucement et de stopper le feu avant l’ébullition. Cette forme permet de réhydrater doucement la plante sans l’agresser, comme on le ferait en versant directement l’eau chaude dessus.

En décoction

La décoction est le mode de préparation à privilégier pour les parties plus rigides et fibreuses de la plante telles que les racines, certaines graines ou encore l’écorce. Le principe change légèrement par rapport à l’infusion : cela consiste à mettre les plantes dans une casserole d’eau froide, faire chauffer tout doucement jusqu’à ébullition, laisser bouillir pendant le temps indiqué, puis couper le feu et laisser infuser à couvert. Enfin, filtrer tout en pressant le marc, puis boire.

La durée de décoction dépendra de la partie de la plante utilisée :

  • pour les tiges, les fruits ou les feuilles coriaces : 2 à 3 minutes seront nécessaires
  • pour les parties plus coriaces telles que les racines, rhizomes et écorces : 5 minutes sont nécessaires

En macération à froid

La macération à froid est aussi appelée infusion à froid. Le principe est simple, cela consiste à laisser les plantes en contact avec de l’eau froide pendant 10h à 12h à couvert, puis de filtrer en pressant le marc. Attention, l’eau étant un très mauvais conservateur, il ne faut pas laisser macérer les plantes plus de 10h au risque qu’il y ait une fermentation, et consommer le liquide dans les 24h pour éviter tout risque de développement microbien.

La macération à froid peut se faire sur la majorité des plantes, mais est particulièrement adaptée aux plantes riches en mucilages, telles que la Guimauve, la Gentiane, la Réglisse ou encore la Mauve, ainsi qu’aux plantes contenant des composés thermolabiles, sensibles à la chaleur.
La macération peut également s’opérer dans de l’huile végétale, souvent de l’olive ou du tournesol, pour obtenir les fameux macérats huileux. Ceux-ci peuvent être déclinés à l’infini, en variant l’huile de macération utilisée. Le mieux est tout de même de privilégier une huile de macération stable pour la conserver le plus longtemps possible. Le principe reste sensiblement le même, mais les plantes sont mises à macérer plusieurs semaines cette fois-ci, au soleil. L’huile est ensuite filtrée, et les plantes pressées pour en récupérer tous les principes actifs.

En vins et alcools médicinaux

Les plantes médicinales se prêtent parfaitement au plaisir d’un bon digestif après le repas, et même avant pour anticiper. En effet, elles peuvent être macérées dans un vin ou un alcool fort pour en faire un un vin ou un alcool médicinal. Ceux-ci sont surtout utilisés pour leurs propriétés digestives. On le sait aujourd’hui, notre système digestif est notre « deuxième cerveau », avec ses 200 millions de neurones et ses milliards de bactéries qui constituent la flore intestinale. Un lien direct est fait entre certaines maladies et notre microbiote intestinal. Les problèmes digestifs sont fréquents de nos jours, et en parallèle d’une alimentation saine et équilibrée, les vins et les alcools médicinaux peuvent être d’un bon soutien.

Pour réaliser un vin médicinal ou un élixir, le principe est relativement simple, il s’agit ni plus ni moins d’une macération dans de l’alcool :

  • peser la plante à macérer et la mettre dans un grand bocal
  • recouvrir de vin blanc, rouge ou alcool fort (rhum, vodka, etc.). Veiller à ce que la plante soit bien recouverte d’alcool. Les parties de plantes non recouvertes risquent de s’oxyder. Il est possible de créer un lest naturel à l’aide d’un caillou par exemple pour les maintenir au fond du bocal.
  • fermer le bocal et laisser macérer entre 1 et 4 semaines selon la plante, en remuant le bocal tous les jours
  • filtrer, presser le marc puis transvaser dans des bouteilles préalablement stérilisées.
  • il est possible d’y ajouter une substance sucrante (non raffinée) selon les goûts, mais cela reste facultatif.

Si une eau de qualité est nécessaire pour réaliser une bonne tisane, il en est de même pour le vin utilisé dans les vins médicinaux. En effet, pour une extraction optimale des composés des plantes, il faut privilégier un fort taux d’alcool. La teneur moyenne d’alcool d’un vin est de 12 %. Ainsi, l’astuce est d’ajouter de l’alcool fort dans le mélange à macérer pour favoriser un meilleur taux d’extraction. Le choix du vin est donc important : il faut qu’il soit de bonne qualité bien sûr, qu’il plaise au goût, mais aussi qu’il contienne un fort taux d’alcool, et si possible qu’il ne possède pas trop de tanins, qui pourraient provoquer des effets indésirables comme assécher la bouche, modifier l’absorption intestinale ou intéragir avec certains composés des plantes.

Concernant les doses, cela peut varier entre une cuillère à soupe et un petit verre de liqueur, en apéritif ou digestif, et bien sûr, toujours avec modération ! Les vins médicinaux se conservent au frais, jusqu’à 6 mois, et les élixirs plusieurs années.

En teinture-mère

Les teintures mères sont obtenues par macération de plantes fraîches dans de l’alcool, ou un mélange d’alcool et d’eau, permettant l’extraction des principes actifs. On parle également d’extrait hydro-alcoolique ou d’alcoolature. La macération de plantes sèches dans de l’alcool, moins courante, est par abus de langage souvent considérée comme une teinture mère également, mais les puristes parleront plutôt de teinture officinale.

Le principe reste le même entre les deux types de teintures : il s’agit de faire macérer une certaine quantité de plante dans de l’alcool. Celui-ci doit être le plus pur possible, de préférence entre 60 et 90°, mais comme il est aujourd’hui difficile de se procurer de tels alcools, il est préférable d’utiliser un alcool fort titrant à 45-50°.

Pour une parfaite réalisation d’une alcoolature, il est nécessaire de connaître le taux d’humidité des plantes fraîches. En effet, le taux d’humidité va impacter la qualité de la teinture-mère puisque l’eau contenue dans la plante va être extraite par l’alcool et changer le degré alcoolique. En laboratoire, le taux d’humidité est ainsi évalué en pesant la plante avant et après déshydratation. D’après la pharmacopée française, l’alcoolature est au 1/10ème du poids sec de la plante mise en œuvre. Ainsi, 10 parts d’alcool seront nécessaires pour une part de plante. Pour les plantes sèches, la teinture officinale est préparée au 1/5ème du poids de plante sèche.

La durée de macération dépend de la plante, elle peut être de quelques jours à quelques semaines. Pour une bonne macération, il est nécessaire :

  • d’utiliser un bocal hermétique, à conserver à l’abri de la lumière.
  • couper la plante (fraîche ou sèche), voire de la réduire en poudre pour favoriser une plus grande surface de contact entre l’alcool et la plante.
  • recouvrir totalement la plante pour éviter tout phénomène d’oxydation.
  • lester la plante à l’aide d’un plus petit bocal ou d’un caillou propre la maintenir au fond.
  • remuer régulièrement le bocal pour favoriser la bonne diffusion des principes actifs.
  • quand la macération est terminée, filtrer le mélange et presser la plante pour récupérer tous les principes actifs.
Les teintures mères se conservent plusieurs années, en flacon compte-goutte ambré et toujours bien fermé. Attention, les teintures mères étant composées d’alcool, elles sont déconseillées aux femmes enceintes et allaitantes, en cas d’affections hépatiques ou de sensibilité digestive.

En extrait fluide

Les extraits fluides, à la différence des teintures-mères, sont obtenus par macération de plantes fraîches, ou de parties de plantes fraîches broyées, dans un solvant autre que l’alcool. L’extraction des substances actives des plantes se fait généralement dans un solvant à base d’eau ou de glycérine.

On retrouve fréquemment les extraits fluides (liquides) dans le commerce mais il existe aussi des extraits mous (semi-solides) ou des extraits secs (solides). Ces deux dernières formes sont issues de la première : une fois l’extrait fluide obtenu, le solvant est alors partiellement ou entièrement éliminé. Différentes méthodes sont utilisées pour retirer ce liquide : la lyophilisation ou la nébulisation.

En suc

A la différence de la teinture-mère et de l’extrait fluide, le suc n’est pas issu d'une macération de la plante. Il n'est pas dilué dans un solvant et contient uniquement le jus de la plante. 

Pour l'extraire, la plante fraîchement récoltée est pilée ou pressée puis filtrée. Pour certaines plantes, il est parfois nécessaire de les faire cuire avant de pouvoir passer à l’extraction du suc. En fonction de la plante choisie, le suc peut être consommé en usage interne ou externe.

Provenant directement de la plante, la conservation du sac est relativement délicate. C'est parce qu'il est difficile de garder sa fraîcheur qu'il peut s'avérer compliqué de trouver ce type de préparation dans le commerce.

En poudre

Les poudres de plante sont particulièrement adaptées pour les plantes très fibreuses afin de faciliter leur infusion, mais aussi pour les plantes riches en minéraux telles que l’Ortie. La forme en poudre présente un double intérêt : elle permet d’une part une meilleure digestion et de l’autre une meilleure absorption au niveau de la muqueuse digestive.

La pulvérisation des plantes sert principalement à préparer des gélules ou comprimés, mais les poudres peuvent aussi simplement être mélangées à de l’eau froide ou chaude, ou intégrées dans l’alimentation.

Les deux grands inconvénients de la pulvérisation sont le risque de détérioration des principes actifs au moment du broyage, et les risques d’oxydation, notamment pour les plantes aromatiques. Les poudres sont donc plus sensibles et moins stables dans le temps que les plantes entières. Ainsi, il est conseillé de pulvériser la plante juste avant de l’utiliser, ou d’en préparer en petite quantité pour éviter de n’avoir à les stocker.

En compresse ou cataplasme

Les compresses et cataplasmes sont particulièrement adaptés pour les problèmes de peau, les entorses, les fractures ou les douleurs musculaires et articulaires. Ils sont à usage unique et ne doivent pas être réutilisés.

La compresse : on utilise ici l’infusion ou la décoction de la plante pour imbiber une compresse ou un tissu propre, à appliquer sur la peau. Maintenir la compresse à l’aide d’un bandage, et laisser en place une vingtaine de minutes, à renouveler après quelques heures.

Le cataplasme : la plante est ici directement appliquée sur la peau si elle est suffisamment fine (les feuilles ou les fleurs par exemple). Il est sinon possible de les chauffer dans l’eau pour les ramollir et les écraser délicatement pour en extraire les principes actifs. Tout comme les compresses, il faut laisser en place une vingtaine de minutes, et renouveler après quelques heures.

En lotion

Les lotions sont réalisées à partir d’infusion, de décoction ou parfois de teinture-mère diluée dans le l’eau. Ces préparations peuvent être employées en lotion par voie cutanée, en friction directement sur la peau du corps ou du visage. La lotion est utilisée pour soulager les troubles cutanés ou les douleurs articulaires ou musculaires.

Les lotions conçues à partir d’une infusion ou d’une décoction peuvent servir de collyres ou de bains d’yeux. Pour ce faire, il faut que la préparation soit correctement filtrée à l’aide d’un filtre à café pour en retirer toutes les impuretés et ainsi éviter d’irriter l’œil. Ce mode d’utilisation va être utile pour soulager les yeux irrités ou les conjonctivites grâce à l’utilisation de plantes telles que la Camomille Matricaire, la Rose ou encore l’Aspérule Odorante.

En gargarisme

Le bain de bouche et le gargarisme sont deux méthodes très proches qui permettent de soulager les maux bucco-pharyngés. Les plantes privilégiées possèdent des propriétés astringentes ou antiseptiques, pour resserrer les tissus tout en les désinfectant.

Le bain de bouche permet de soulager les troubles buccaux en absorbant, sans avaler, une gorgée d’infusion ou de décoction refroidie. On remue la préparation à l’intérieur de la bouche pour qu’elle soit en contact avec toutes les muqueuses. On crache ensuite le bain de bouche avant de réitérer si besoin.

Le gargarisme va avoir pour cible la gorge et non l’intérieur de la bouche. Pour ce faire, il suffit de racler le fond de la gorge avec un peu d’infusion ou de décoction, le fameux « grrrrr », le plus longtemps possible avant de cracher. Cette opération est à réaliser pendant 5 à 10 minutes.

En bain

Les bains permettent de soulager de nombreux problèmes, qu’ils soient cutanés, circulatoires, musculaires, articulaires ou encore nerveux.

Le bain aromatique : on utilise ici une infusion ou une décoction de la plante dans 1 voire 2 litres d’eau, à laisser tiédir ou refroidir. Cette préparation va ensuite être additionnée à l’eau du bain. Un autre moyen ludique est de suspendre sous le robinet d’eau chaude un sac en tissu contenant les plantes séchées. L’infusion se fera ainsi le temps du bain. Il est possible de presser régulièrement le sachet pour faciliter l’extraction de principes actifs. Généralement, on reste dans le bain au moins une dizaine de minutes.

Le bain de siège : pour ce type de bain on réalise une infusion ou une décoction de la plante également de 1 ou 2 litres d’eau. Il est souvent nécessaire d’ajouter de l’eau à la préparation pour obtenir un volume suffisant. Il est possible de laisser tiédir ou refroidir l’eau du bain de siège. Il peut en effet se pratiquer chaud ou froid. On peut pratiquer un bain de siège chaud ou froid, souvent à privilégier en cas d’hémorroïdes. Il est recommandé de rester environ 5 à 15 minutes dans le bain de siège et de renouveler l’opération 1 à 2 fois par jour si nécessaire.

En inhalation

L’inhalation de plantes est idéale et efficace pour dégager les voies respiratoires en cas d’encombrement ou pour soulager des affections respiratoires. Pour ce faire, on utilise généralement des plantes expectorantes et mucolytiques telles que l’Eucalyptus.

Pour faire une inhalation, il faut réaliser 1 litre d’infusion ou de décoction chaude que l’on place dans un bol à inhaler ou un saladier. Il suffit ensuite de se placer au-dessus du récipient en se recouvrant la tête d’une serviette et de respirer les vapeurs montantes. Attention à ne pas se brûler les voies respiratoires ! Il peut parfois être nécessaire de patienter quelques minutes pour que la température de l’eau diminue. Le nez peut avoir tendance à couler, il ne faut pas hésiter à se moucher.

L’inhalation dure temps que la préparation est chaude, environ 10 minutes. Il est bien sûr possible de recommencer l’opération si cela est nécessaire.

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