Quand il y a la présence d’eau dans un produit cosmétique, cela le rend beaucoup plus sensible : des conservateurs sont donc obligatoires. Ils sont censés protéger le produit des agents extérieurs comme les bactéries ou tout simplement la lumière, mais aussi protéger le consommateur de possibles contaminations. Malgré les polémiques qui font rage, tous les conservateurs ne sont pas bons à jeter. Entre conservateurs antimicrobiens et conservateurs anti-oxydants, naturels ou synthétiques, il est parfois difficile de s’en sortir et surtout de les identifier ! Quand on sait que certains sont capables de traverser la barrière cutanée pour finir dans notre organisme, il vaut mieux savoir à quoi on a affaire.

Cet article a été mis à jour le 04/08/2023

Pourquoi ajouter des conservateurs dans les produits cosmétiques ?

Le but des conservateurs dans les produits cosmétiques est d’assurer la conservation du produit dans le temps. Bon, on se doute que vous l’aviez deviné ! Il existe en réalité 2 grands types de conservateurs : les antibactériens/antifongiques, et les antioxydants. Les conservateurs vont ainsi assurer la stabilité du produit dans le temps, et surtout son innocuité vis à vis de son utilisateur. Un produit cosmétique mal conservé risque d’être dégradé, aussi bien au niveau de son odeur, que de son aspect ou de ses propriétés. Il risque également de créer des réactions allergiques ou d’irritation. Bref, rien de bien joyeux. A la base on choisit un cosmétique pour améliorer quelque chose, ce serait dommage de l’empirer.

Les conservateurs antibactériens/antifongiques vont limiter le développement de petites bébêtes indésirables : les micro-organismes. Pour les bactéries et les champignons, les produits cosmétiques c’est un peu le jardin d’Eden, il y fait bon vivre ! Nutriments et eau sont tout ce dont ils ont besoin pour leur développement, et ça tombe bien, c’est justement ce que leur apportent les cosmétiques. Pourquoi ne pas en profiter ? Sans les conservateurs, votre produit présenterait rapidement une superbe couche verte, jaune ou rouge toute poilue en surface. C’est joli mais ça n’est pas tout à fait inoffensif.

Les antioxydants vont quant à eux protéger le produit cosmétique des agents physiques extérieurs qui pourraient modifier ses qualités organoleptiques. Couleur, odeur et aspect sont autant de critères qui nous font choisir un produit plutôt qu’un autre, alors on aimerait autant que ça dure !

1ère catégorie : les conservateurs antimicrobiens et antifongiques

Pourquoi en ajouter ?

Le risque de contamination d’un produit cosmétique existe tout au long de sa vie. En tout début de chaîne, les matières premières peuvent directement être pointées du doigt si leurs conditions de conservation n’ont pas été optimales. Au moment de la fabrication, plusieurs facteurs peuvent être en cause. On a par exemple le personnel qui ne se lave pas les mains après avoir fait pipi (oui oui, ça existe), l’eau qui entre dans la composition du produit et qui peut ne pas être très clean, ou lors du conditionnement où le produit est en contact direct avec l’environnement. Quand enfin il finit par traverser toutes ces épreuves sans encombres et qu’il pense pouvoir finir sa vie tranquille, l’utilisateur l’achète et vient lui fourrer ses grosses paluches dedans. Bref, un produit cosmétique n’est jamais serein. Pendant toutes ces étapes, les microorganismes n’attendent qu’une chose : que le produit leur fasse une petite place bien au chaud à ses côtés. Que nenni ! La présence de conservateurs fait blocus.

On retrouve des microorganismes sur tout notre corps, y compris la peau. Ils portent le joli nom de flore cutanée, et leur but dans la vie est de nous créer une barrière de protection. Sans cela, les infections diverses s’inviteraient volontiers ! Les conservateurs ont beau être antibactériens et antifongiques, ils doivent néanmoins respecter cette flore bactérienne au risque d’apporter plus de mal que de bien. La sélection d’un conservateur pour un produit cosmétique donné se fait selon différents critères comme par exemple son pH, sa solubilité dans l’eau, son spectre d’activité, et bien sûr son innocuité, en lien avec la législation. Chaque conservateur ne se vaut pas, c’est pourquoi il en existe une telle diversité, et qu’il est si difficile de s’y retrouver dans la liste des ingrédients !

Les conservateurs autorisés dans les cosmétiques BIO

Même BIO, les produits cosmétiques sont dans l’obligation de contenir des conservateurs. Si ceux-ci peuvent quelquefois être légèrement irritants ou asséchants, ils présentent toujours moins de risques que ceux présents dans les conservateurs conventionnels. Voici ceux que l’on retrouve le plus fréquemment :

  • acide benzoïque (INCI : benzoïc acid)
  • acide sorbique (INCI : sorbic acid)
  • alcool benzylique, ou Cosgard (INCI : benzyl alcohol)
  • acide dehydroacetique, DHA ou Geogard (INCI : dehydroacetic acid)
  • sorbate de potassium (INCI : potassium sorbate)

Les conservateurs d’origine naturelle

Enfin, il existe des conservateurs totalement naturels. Certains peuvent être retrouvés dans les produits cosmétiques du commerce, mais pour la plupart ils sont surtout utilisés pour la réalisation de cosmétiques maison :

  • alcool naturel, ou Alcohol, issu de la fermentation de fruits ou de céréales,
  • EPP, extrait de pépins de pamplemousse ou Citrus grandis seed extract
  • Leucidal ou Leuconostoc/Radish Root ferment : obtenu par fermentation de radis avec Leuconostoc kimchii,
  • Naticide ou Plantaserve Q

Et les huiles essentielles dans tout ça ?

Vous pourrez lire certaines fois que les huiles essentielles sont des conservateurs naturels. Oui… et non. Les huiles essentielles contiennent effectivement des propriétés anti-bactériennes, antifongiques et antivirales, mais pas forcément adaptées à la confection de produits cosmétiques. Les huiles essentielles pourront donc améliorer la conservation de vos produits cosmétiques comparé à un produit qui n’en contient pas, mais elles ne sont pas à proprement parler considérées comme des conservateurs. Ne vous attendez donc pas à conserver votre crème pendant 3 mois sous prétexte que vous avez ajouté 3 gouttes de Tea Tree !

Les conservateurs antimicrobiens et antifongiques à éviter

Certains conservateurs peuvent engendrer des dommages graves sur la santé, c’est pourquoi ils font polémique. Si pour certains cela a été prouvé, pour d’autres ce n’est que suspecté. Dans tous les cas, il vaut mieux prévenir que guérir et les éviter ! C’est le moment de démarrer la musique de documentaire choc : en voici quelques uns des plus connus.

Les fameux parabens

Parce que oui, il en existe plusieurs selon la longueur de la chaîne alkyle R. On retrouve ainsi le méthylparabène, l’éthylparabène, le propylparabène, l’isopropylparabène, le butylparabène, l’isobutylparabène et le benzylparabène. Rien que ça ! D’après les nombreuses recherches effectuées, ces composés ne seraient pas dégradés par les enzymes du corps humain, ce qui impliquerait une toxicité chronique à long terme. Plusieurs études ont été menées dessus, et plusieurs hypothèses ont été émises. L’une d’elle serait que les parabens sont oestrogen-like, ce qui expliquerait leur implication dans l’apparition de cancers de seins. Une autre explique que les parabens ont des effets sur la reproduction. Ce qui est une certitude, c’est que les parabens à longue chaîne sont ceux qui présentent le plus de risques. C’est le cas notamment de l’isopropylparaben, l’isobutylparaben, le phenylparaben, le benzylparaben et le pentylparaben qui sont interdits depuis 2014. A l’heure actuelle, le butylparaben et le propylparaben sont encore autorisés mais très réglementés. Ne reste plus que le méthylparaben et l’ethylparaben qui sont “considérés comme sûrs” par les autorités. Affaire à suivre donc pour les parabens… Avec toute cette histoire, la mention “sans paraben” est devenue un réel argument commercial. Avant de crier gloire, il faut tout de même savoir que si les industriels n’utilisent pas de parabens dans leur produit, ils sont en droit d’utiliser n’importe quel autre conservateur, et certains sont malheureusement plus décriés que les parabens. Méfiance donc face à la mention “sans paraben” !

Paraben
Le triclosan

Le triclosan est un composé antibactérien utilisé d’une part pour cette propriété justement, dans les dentifrices et déodorants par exemple, et d’autre part en tant que conservateur. Lui aussi est très réglementé, et n’est autorisé que dans certaines catégories de produits cosmétiques. D’une part, des études visent à démontrer qu’il créé des résistances à certains germes, et diminue de fait l’efficacité des antibiotiques. D’autre part, il serait soupçonné d’être un perturbateur endocrinien, d’agir sur la thyroïde, la reproduction et le développement. Enfin, il augmenterait le risque allergique. S’il est de plus en plus réglementé, cela n’empêche que c’est un composant que l’on peut retrouver partout, même dans des endroits insoupçonnés comme les ustensiles de cuisine ou les jouets ! Si bien que même si votre cosmétique n’en contient que très peu, il y a un gros risque de surdosage.

Le formaldéhyde et les libérateurs de formaldéhyde

Le formaldéhyde est un conservateur qui est aujourd’hui clairement identifié comme étant cancérogène par voie respiratoire. Pour cette raison, on ne le retrouve plus dans les aérosols… Contrairement aux autres cosmétiques. Bien qu’il soit réglementé en Europe, on peut tout de même le retrouver à 0,2% maximum dans la composition des cosmétiques, et jusqu’à 5% dans les durcissants pour les ongles. S’ils sont critiqués, c’est en particulier parce qu’ils sont très irritants et allergisants. Vous avez lu et relu la liste INCI de votre produit cosmétique et n’avez pas vu la moindre trace de formaldéhyde ? Ouf ! Quoique… Pour y échapper, on a maintenant recours à d’autres composés qui, ironie du sort, peuvent être libérateurs de formaldéhyde selon certaines conditions (pH, température,...). Et pas de grande surprise, eux aussi sont malheureusement responsables d’irritations et de réactions allergiques. Pour n’en citer que quelques exemples, on a le DMDM hydantoïn, le diazolidinyl urea, l’imidazolidinyl urea, le 2-bromo-2-nitropropane-1,3-diol, le benzylhemiformal, le sodium hydroxymethylglycinate, le Quaternium-15, ou les polyquaterniums.

Le cetrimonium bromide

Le cetrimonium bromide est lui aussi pointé du doigts pour son risque irritant et allergène sur la peau. D’origine synthétique bien sûr, cet ingrédient est composé d’ammonium quaternaire. Il est généralement utilisé dans les produits nettoyants tels que les eaux micellaires, et est limité à 0,1% tout de même, ce qui n’est pas anodin.

Les thiazolinones

Par thiazolinone, on entend 2 grands composés en particulier : le methylchloroisothiazolinone et le methylisothiazolinone. À vos souhaits. Lorsque les risques des parabens ont été dévoilés au grand jour, de nombreux industriels se sont tournés vers les thiazolinones. Au fur et à mesure de leur utilisation, les thiazolinones ont malheureusement été désignés fortement allergènes à leur tour. Ils ont même été élus “allergène de l’année 2013” aux Etats-Unis. Le mélange de ces deux conservateurs est connu sous le nom de Kathon CG, et a déjà bien fait parler de lui.

Le phénoxyéthanol

A l’heure actuelle, le phénoxyéthanol est un conservateur que l’on peut retrouver dans de nombreux produits cosmétiques. Néanmoins, il est limité à 1% et pour cause : il présente de nombreux risques sur la santé humaine. Il fait partie de la famille des éthers de glycol, qui comprend environ 80 dérivés dont certains très toxiques. Si aucune étude n’a vraiment été réalisée sur la toxicité chronique ou aiguë du phénoxyéthanol sur l’homme, de nombreux doutes subsistent. Tout d’abord, il aurait un risque allergène et irritant avéré, en particulier au niveau oculaire, et serait responsable de troubles neurologiques. Le plus gros risque de ce conservateur, c’est au niveau de la reproduction : stérilité, anomalies au niveau des cycles menstruels, avortements spontanés et malformations sont les principaux effets relevés. En bref, rien de bien rassurant ! Pour toutes ces raisons, l’ANSM interdit l’utilisation de phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques destinés au siège des bébés, et le limite beaucoup plus que la normale dans les produits destinés aux enfants de moins de 3 ans : 0,4%. Si tout cela ne vous donne pas vraiment envie de tomber sur des produits cosmétiques qui en contiennent, voici son petit nom INCI, celui sous lequel il apparait dans le liste des ingrédients : phenoxyethanol, 2-phenoxyethanol ou phenoxytol.

2ème catégorie : Les conservateurs antioxydants

Pourquoi les produits cosmétiques s'oxydent ?

Les antioxydants dans les produits cosmétiques sont utilisés pour 2 principales raisons : ils visent d’une part à protéger le produit cosmétique de l’oxydation, et c’est ce qui va nous intéresser, et d’autre part à protéger la peau des radicaux libres, et là c’est un autre sujet. Avant de se lancer, il est important de rappeler ce qu’est une oxydation. Petit flash back dans vos années lycées : un oxydation est une réaction au cours de laquelle un réactif perd un ou plusieurs électrons. Dans le langage courant, on parle souvent d’oxydation lorsque l’oxygène est le responsable. Et où est-ce qu’on trouve de l’oxygène en forte proportion ? Dans l’air, bingo ! Dans nos produits cosmétiques, ce n’est pas l’eau qui est visée cette fois-ci, mais la phase huileuse du produit, et plus particulièrement les acides gras qui composent les huiles végétales. L’oxygène va réagir avec les doubles liaisons des acides gras, ceux qui sont appelés acides gras insaturés. La quantité d’acides gras insaturés varie énormément d’une huile végétale à l’autre, c’est la raison pour laquelle une huile de Rose Musquée sera beaucoup plus sensible à l’oxydation qu’une huile de Jojoba par exemple ! Plus une huile végétale va contenir d’acides gras insaturés, plus il y aura de doubles liaisons, et plus les molécules d’oxygènes s’en donneront à coeur joie. Pour en rajouter une couche, d’autres facteurs entrent en jeu dans l’oxydation du produit, des facteurs exogènes cette fois-ci. Par abus de langage, on parle souvent d’oxydation par les rayons UV de la lumière etc. Que nenni ! En réalité, la lumière n’est qu’un accélérateur des phénomènes d’oxydation. Ce n’est pas le seul malheureusement, le contact avec les métaux (le Fer ou le Cuivre), et la chaleur en font également partie. C’est pour cela qu’il est impératif de conserver vos produits cosmétiques à l’abri de toute source de lumière et de chaleur. Lorsqu’ils sont oxydés, les acides gras produisent de nouveaux composés dont on ne maîtrise pas les effets, ce sont les fameux radicaux libres. On qualifie alors l’huile de rance, elle peut changer de couleur, d’odeur, de texture, et ses propriétés sont altérées. Bref, elle est bonne à jeter. Dans le produit cosmétique, c’est tout pareil. Si l’huile qui le compose est oxydée, cela se traduit par un changement de ses caractéristiques organoleptiques. Si vous avez un doute : poubelle !

Les conservateurs antioxydants à éviter

Il existe 2 grands conservateurs antioxydants à éviter, il s’agit du BHT (hydroxytoluène butylé) et du BHA (hydroxyanisole butylé). Très peu d’études ont été menées sur le BHT, mais cela n’empêche qu’il réside de nombreux doutes sur son innocuité. A forte dose, il pourrait être un perturbateur endocrinien, avoir des effets sur la reproduction et favoriser le développement de tumeurs. Le BHA est quant à lui de moins en moins retrouvé dans les produits cosmétiques, contrairement au BHT, et pour cause : il serait cancérigène d’après le CIRC, le Centre International de Recherche sur le Cancer. Enfin, les deux seraient responsables d’allergies et auraient un potentiel sensibilisant.

Les conservateurs antioxydants utilisés dans les cosmétiques BIO et naturels

Certains ingrédients telles que les huiles végétales contiennent naturellement des agents antioxydants. Cependant, ce n’est souvent pas assez puissant et il est nécessaire d’en rajouter pour assurer une meilleure protection du produit. Les deux principaux antioxydants utilisés sont donc la vitamine E retrouvé sous le nom INCI Tocopherol ou Tocopheryl acetate, et l’extrait CO2 de Romarin, Rosmarinus officinalis leaf extract.

Pour résumer, aucun conservateur n’assure une parfaite innocuité pour la peau et l’organisme. De part leurs propriétés, aucun n’est anodin, mais n’oublions pas que c’est la dose qui fait le poison. Puisqu’ils peuvent tous causer des dommages, ils restent des produits très surveillés et étudiés par les autorités. Pour se prémunir de tous risques, plusieurs choix sont donc possibles : prendre connaissance de la liste des ingrédients des produits conventionnels afin d’éviter les conservateurs trop controversés, opter pour des produits cosmétiques BIO dont les conservateurs sont généralement plus dignes de confiance, ou tout simplement faire ses cosmétiques soi-même ! Ce dernier choix permet d’une part de réaliser des recettes parfaitement adaptées à son type de peau, de connaître la composition exacte du mélange, mais surtout de limiter voir d’éviter l’utilisation de conservateurs présentant trop de risques.

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