La base d’un produit cosmétique c’est de l’eau et de l’huile. Bon c'est vrai que si on se contente de ça, on se retrouve avec 2 phases bien distinctes puisqu’elles ne se mélangent pas. C’est là qu'entrent en jeu les tensioactifs : ils permettent de mélanger la phase aqueuse (l’eau) du produit, et la phase huileuse! Avec cela, le produit a tout de suite un meilleur aspect. Tous les produits cosmétiques d’aspect plus ou moins homogène contiennent donc des tensioactifs : shampoings, crèmes, gels… Bref, on peut difficilement passer outre.
Cet article a été mis à jour le 04/08/2023Généralement, à l’intérieur d’un produit cosmétique, on a deux profils d’ingrédients : les composés qui considèrent que le gras c’est la vie, on les appelle les lipophiles, et ceux qui font un peu la fine bouche et qui préfèrent l’eau, j’ai nommé les hydrophiles. Comme on sait que vous aimez la complexité, sachez que les lipophiles sont aussi qualifiés d'hydrophobes et les hydrophiles de lipophobes, mais ce dernier terme est rarement utilisé. Les tensioactifs eux ne se mouillent pas, ils vont autant aimer le gras que l’eau, on les appelle amphiphiles. Ils présentent ainsi 2 polarités : la partie lipophile est apolaire (de charge électrique neutre) tandis que la partie hydrophile est polaire (avec une charge électrique).
De manière schématique, la partie hydrophile est représentée par une tête sphérique et la partie hydrophobe par un looong corps tout fin. Ce caractère amphiphile leur permet de se placer pile entre l’interface eau et huile, et d’abaisser ce qu’on appelle l’énergie libre existante, celle qui est responsable des tensions entre eux. Les tensioactifs ont donc leur queue bien plantée dans l’huile tandis que les têtes hydrophiles restent gentiment du côté de l’eau. En créant diverses liaisons, ils vont diminuer la tension entre les deux phases. Pour les chimistes, il s’agit de liaisons de type hydrogène et ionique pour la tête, et hydrophobe et de Van der Waals pour la queue. Si on perturbe l’équilibre entre l’eau et l’huile, qu’on secoue le tout, il va se former des gouttelettes, exactement comme dans la vinaigrette. Les tensioactifs se disposent alors en petites sphères pour former ces gouttelettes, qu’on appelle plus communément des micelles. Lorsque les gouttelettes sont enfin formées, les tensioactifs n’ont pas fini le travail. Ils les stabilisent en diminuant le gradient de pression au niveau de l’interface, et en créant des répulsions électrostatiques entre elles. Et voilà ! C’est sur ce principe que repose votre lessive par exemple : tandis que les queues hydrophobes vont s’accrocher à la tâche de graisse, les têtes hydrophiles vont favoriser le décollement.
les tensioactifs anioniques (sels d’acide carboxylique, lipoaminoacides, lipo-oligopeptides, dérivés sulfonés et dérivés sulfatés) : ils portent une charge négative. Ce sont les plus courants, ils sont peu onéreux et ont une bonne activité détergente et moussante. Ils sont néanmoins réputés pour être desséchants ! On les retrouve en particulier dans les produits d’entretien.
Exemples : Sodium coco sulfate (SCS), Sodium cocoyl isethionate (SCI), huile de Ricin sulfatée (Sulfated castor oil), Sodium lauryl sulfoacetate (SLSA), Sodium Lauroyl Sarcosinate
les tensioactifs cationiques (amonium quaternaire) : ils portent une charge positive. Globalement ils sont assez mal supportés par la peau. Ils permettent de gainer le cheveu car ils s’associent bien à la kératine. Ils sont néanmoins peu détergents et peu moussants et ont tendance à alourdir le cheveu.
Exemples : BTMS
les tensioactifs amphotères ou zwitterioniques (bétaïnes, dérivés d’acides aminés et d’imidazole) : ils vont être soit cationique, soit anionique selon le pH du milieu dans lequel ils se trouvent (pratique !). Ils sont plutôt bien tolérés par la peau, et ne piquent pas les yeux.
Exemples : Cocamidopropyl Betaïn, mousse de Babassu (Babassuamidopropyl betaïne)
les tensioactifs non ioniques (polyoxyéthylènes, alcanolamides, oligopeptides) : ils ne portent aucune charge. Ce sont les plus coûteux mais les plus doux ! Ils possèdent une bonne activité détergente, ce sont de bons dispersants, mais ils ne moussent quasiment pas.
Exemples : Alkylphénols éthoxylés, Alcools éthoxylés, Decyl glucoside, Cetyl alcohol, les glutamates, Lauryl glucoside, Coco glucoside
A l’heure actuelle, les tensioactifs amphotères et non ioniques sont les plus utilisés, seuls ou en synergie. Malgré leur prix bien plus élevé, ils ont une meilleure biocompatibilité. De plus, ils sont toujours actifs, peu importe le pH ! Si généralement on associe plusieurs tensioactifs ensemble pour une meilleure efficacité, les tensioactifs anioniques et cationiques eux ne s’entendent pas vraiment, ils forment un complexe et précipitent lorsqu’on les associe.
Pour des raisons de toxicité pour la peau ou pour l’environnement, certains tensioactifs sont à éviter. Leur procédé de fabrication implique l’utilisation de gaz toxiques pour l’environnement, ou leur utilisation induit des effets néfastes sur la santé sur le long terme.
Le Sodium Lauryl Sulfate (SLS) par exemple, est si irritant qu’il est devenu une référence pour les tests de tolérance cutané ! Avec le Sodium Laureth Sulfate (SLES), ils sont tous deux accusés de pénétrer le tissu cutané pour atteindre les organes. Ils sont ensuite difficilement métabolisés et, plus grave, peuvent interférer avec le système endocrinien. Les PEGs, ou polyéthylène glycol, sont quant à eux des polymères obtenus par procédé chimique lourd pour l’environnement, car ils nécessitent l’utilisation de gaz toxiques. D’autre part, ils sont non biodégradables.
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