Les yeux sont des organes particulièrement sensibles à leur environnement. L'augmentation du stress oxydant peut favoriser des dommages aux cellules de la rétine. Le stress oxydatif correspond à un déséquilibre entre les radicaux libres (molécules instables) et les antioxydants (molécules ou enzymes qui neutralisent les radicaux libres). De nombreuses études ont observé une corrélation positive entre la consommation d'antioxydants et la réduction des affections oculaires. Les antioxydants sont présents en abondance dans les fruits et légumes, tels que les Myrtilles. Ces dernières sont particulièrement riches en anthocyanes, de puissants antioxydants responsables de leur couleur allant du rouge au bleu. Fort de ce constat, plusieurs études ont examiné les effets des Myrtilles sur les yeux. Les résultats varient en fonction des pathologies oculaires.

Cet article a été mis à jour le 26/11/2023

Pour limiter le vieillissement oculaire et la DMLA

Avec le vieillissement, la vision peut se détériorer et devenir problématique. De nombreux troubles sont associés au vieillissement oculaire, tels que la presbytie, la cataracte ou encore la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).

Qu'est-ce que la DMLA ?

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est la première cause de perte de vision en France et dans les autres pays industrialisés. Progressivement, la DMLA se manifeste par une baisse de l’acuité visuelle, une déformation des objets, des tâches sombres, etc. La DMLA impacte seulement la vision centrale (elle ne touche que la macula qui se trouve au centre de l’œil).

À ce jour, il n'existe pas de traitement pour la DMLA. Néanmoins, différentes recherches suggèrent qu'il serait possible de ralentir la progression de la DMLA en enrichissant son alimentation en antioxydants.

Les causes de la DMLA sont multiples et incluent la prédisposition génétique, le vieillissement et un stress oxydatif excessif. Une augmentation du stress oxydatif rétinien peut être provoquée par une surexposition à la lumière ou par le tabagisme.

Intérêts des antioxydants

Plusieurs hypothèses sont émises pour comprendre comment les anthocyanes peuvent améliorer la santé oculaire. Selon deux études in vitro (dans des tubes à essais), les anthocyanes agiraient via deux voies :

  • Les anthocyanes agissent sur la régénération de la rhodopsine : la rhodopsine est un pigment sensible à la lumière. Dès qu’il est au contact de la lumière, il s’active. Ceci entraine toute une cascade d’activation qui permet de transmettre un signal au cerveau. Les anthocyanes favoriseraient la régénération de cette dernière.

  • Les anthocyanes inhiberaient le stress oxydant : les radicaux libres induiraient une peroxydation des lipides, cela correspond à un « endommagement » des lipides. Les yeux sont particulièrement riches en acides gras insaturés : ils sont plus sensibles à la peroxydation. La présence d’anthocyanes protègerait la perméabilité de la membrane des cellules de la rétine, ce qui soutiendrait une bonne transmission du message vers le cerveau.

Diverses études prometteuses

Les Myrtilles contiennent de nombreux antioxydants, tels que les anthocyanes. Ces derniers sont des flavonoïdes hydrosolubles, ils entrent donc dans la famille des phytonutriments.

Certaines études se sont intéressées à l’effet des anthocyanes sur la DMLA et d’autres maladies oculaires. Par exemple, une étude in vivo sur des lapins exposés à la lumière blanche (15000 ± 1000 lx) pendant 2 h au quotidien, tire deux conclusions. Tout d'abord, la lumière induit des dommages sur les cellules des yeux : on parle de photodommages, dès le 7ᵉ jour d’exposition. Enfin, les lapins nourris avec des extraits d’anthocyane des Myrtilles et de la pulpe de Myrtille durant quatre semaines avant l’exposition à la lumière n’avaient pas de photodommages.

On sait que les risques de développer une DMLA est corrélé avec le stress oxydatif. La lumière blanche augmente le stress oxydatif. De cette observation, on sait qu’une exposition inappropriée à la lumière augmente les risques de développer une DMLA. En annulant les méfaits de la lumière blanche, les Myrtilles diminuent le risque de développer une DMLA.

Selon le protocole, les lapins consommaient entre 1,2 à 4,9 g/kg/jour de Myrtilles. Si l’on transfère ce protocole à un adulte moyen, cela reviendrait à consommer 84 g à 343 g de Myrtilles tous les jours. Les quantités resteraient raisonnables, à condition d’avoir envie de Myrtille tous les jours. Notons tout de même que cette recherche effectuée sur des lapins n’est qu’un simple indicateur, mais elle ne certifie pas que ce bienfait s’observe également chez l’Homme. Davantage, les antioxydants des Myrtilles n’agissent pas sur l’origine du problème. Ils ne font que freiner un facteur aggravant de la DMLA (le stress oxydant).

En 2001, des scientifiques Américains ont eu pour ambition d’observer les taux de progression et les facteurs de risque des affections oculaires. Cet essai d’intervention américain, nommé AREDS, a suivi 4757 participants qui étaient inscrits à l'essai clinique sur les vitamines antioxydantes.

Cette étude a mis en évidence que la nutrition est l’une des clefs essentielles pour prévenir la DMLA. En effet, elle a mis en évidence une diminution de 25 % de l'incidence de DMLA avancée chez les sujets supplémentés en vitamines et antioxydants (β-carotène, vitamine C, vitamine Ezinc et cuivre) par rapport au placebo. En contribuant aux apports en vitamines et antioxydants, les Myrtilles participent à la protection contre la DMLA.

Pour prévenir les rétinopathies diabétiques

La rétinopathie diabétique est une complication courante des diabètes. Les hyperglycémies chroniques contribuent à la progression de la maladie, elles endommagent les cellules rétiniennes. Précisément, les petits vaisseaux sanguins des yeux se bouchent à cause des hyperglycémies, ce qui se manifeste par des hémorragies oculaires et des déformations des vaisseaux.

Quelques études ont évalué la capacité des Myrtilles et/ou de leurs anthocyanes à diminuer le stress oxydant induit par le diabète. Selon une étude, l’extrait d’anthocyanes de Myrtilles améliore la fonction endothéliale des capillaires de la rétine, c’est-à-dire qu’il préserve les vaisseaux sanguins des yeux. Cette propriété pourrait empêcher la progression de la rétinopathie diabétique.

Selon une seconde étude menée sur des rats diabétiques, les anthocyanes des Myrtilles modèreraient le stress oxydatif oculaire en stimulant l’activité des enzymes antioxydantes et en réduisant les molécules oxydantes (malondialdéhyde et les espèces réactives de l’oxygène).

Bien que ces études aient été réalisées sur des extraits d'anthocyanes ou sur des rats, il se pourrait que les anthocyanes des Myrtilles soient des alliées non négligeables pour ralentir l’aggravation de la rétinopathie diabétique.

Pas d'intérêt pour la vision nocturne

Nous sommes capables de distinguer certaines nuances dans l’obscurité grâce aux cellules en bâtonnet situées dans la rétine. Ces dernières permettent la vision nocturne (dite vision scotopique) : c’est une vision de nuances de gris.

On retrouve de nombreux articles indiquant que les anthocyanes des Myrtilles améliorent notre capacité à voir dans le noir. Cette pensée nait à la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, on pensait que les bonnes facultés visuelles des soldats britanniques provenaient de leur consommation de Myrtilles.

Cependant, il semble que les anthocyanes des Myrtilles ne peuvent pas améliorer la vision nocturne. Une étude menée sur sept adultes en bonne santé a évalué leur fonction oculaire quatre heures après consommation de 10 g de Myrtilles séchées. Aucun résultat concluant ne ressort de cette étude : aucune adaptation à l’obscurité, pas d’amélioration du champ visuel, et aucun effet sur les clignements de cils ou des larmoiements. L’étude s’est étendue à dix adultes qui consomment 7 g de Myrtilles séchées pendant 21 jours, et les chercheurs n’observent toujours aucun effet des Myrtilles sur la vision nocturne.

Un autre essai confirme que les anthocyanes des Myrtilles paraissent peu efficaces pour la vision nocturne. Celui-ci se compose de 72 adultes répartis en deux groupes : l’un consommant 271 mg d’anthocyanes et l’autre consommant un placebo, pendant trois semaines. Aucune différence n’est observée entre les deux groupes : les anthocyanes des Myrtilles n’ont pas eu d’effets sur l’adaptation à l’obscurité ou à la vision nocturne.

À date, les anthocyanes et les Myrtilles n’améliorent pas la vision nocturne. Des études supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer ce résultat, en augmentant la durée de la complémentation ou le dosage

Des propriétés à adapter au quotidien

Les Myrtilles ne sont pas les seuls aliments sources d’anthocyane : les prunes, les raisins, le cassis, les mûres, les cranberries, les cerises, les grenades ou encore les choux rouges an contiennent également. Notons aussi que la teneur d’anthocyane dans les Myrtilles varierait de 12 mg à 900 mg pour 100 g de Myrtilles. Cette variation serait influencée par la variété, la saison, le mode de culture, le temps passé entre la récolte et la consommation, ou encore du mode de préparation.

N’oublions pas que les acides gras insaturés, la vitamine A, la vitamine B2 ou encore le zinc sont nécessaires à la vision. Ces micronutriments sont disponibles dans les poissons gras, tels que le saumon, le hareng, la sardine ou le thon.

En somme, une alimentation variée et équilibrée est le seul moyen de profiter de l’ensemble des nutriments requis à la santé des yeux.

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