La peau est un organe de protection contre diverses agressions extérieures. Elle protège des polluants et rayons ultraviolets (UV) qui induisent un stress oxydatif ou une inflammation. Avec l’âge, les niveaux d’antioxydants dans les tissus diminuent, entrainant ainsi une baisse de la protection. Dès lors que la protection est moins efficace et que le stress oxydant prend le dessus, le vieillissement de la peau s’accélère : tâche cutanée, rides ou ridules… Pour contrer ce problème, le monde de la cosmétique s’est ouvert à la nutrition : la nutricosmétique. En faisant le plein d’antioxydants, on augmenterait la protection de la peau contre le vieillissement prématuré. Les Myrtilles proposent un large spectre d’antioxydants, ce qui laisserait supposer qu’elles amélioreraient l’apparence de la peau.

Cet article a été mis à jour le 05/09/2023

Ralentissent-elles le vieillissement cutané ?

Les Myrtilles présentent de nombreux phytonutriments, notamment les anthocyanes, les proanthocyanidines, les flavonols et les acides phénoliques. Tous ces composés phytochimiques sont des antioxydants, dont les anthocyanes seraient l’antioxydant le plus puissant des Myrtilles. En effet, plusieurs études in vivo et in vitro affirment que les anthocyanes arrêtent l’oxydation en se « sacrifiant », c’est-à-dire en s’oxydant à la place d’autres cellules de l’organisme (scientifiquement, elle donne un électron libre aux radicaux libres).

Le stress oxydant accélère le vieillissement de la peau. Ce phénomène se nomme : la glycation non enzymatique des protéines. En bref, au contact des radicaux libres, les protéines qui composent la peau (collagène et élastine) perdent leur élasticité, elles se rigidifient. L’application topique des formules cosmétiques riches en antioxydants vise à ralentir ce phénomène. L’objectif est de savoir s'il est possible de ralentir également la formation des rides et des ridules par les antioxydants internes : apporter par l’alimentation.

Des résultats scientifiques peu convaincants

Traditionnellement, la pharmacopée amérindienne reconnait que les Myrtilles sont « bonnes pour la peau ». Or, scientifiquement, les résultats manquent. En effet, aucune étude scientifique ne s’est intéressée à l’effet de l’ingestion des Myrtilles sur la peau.
Une seule étude sur les antioxydants du cacao observe que la consommation de 326 mg de cacao riche en flavonol (antioxydant également présent dans les Myrtilles) améliore l’apparence globale de la peau. Dans cette étude, les participantes consommaient au total 27 mg de flavonols par jour, pendant 12 semaines. Or, la teneur moyenne en flavonols dans 100 g de Myrtilles fraîches serait de 1,27 mg, ce qui induirait une consommation de plus de 2 kg de Myrtilles par jour… Une quantité bien loin de l’alimentation variée et équilibrée.

Dans ce contexte, évidemment, les antioxydants des Myrtilles apportent des avantages pour la santé, et surement pour la peau, mais rien n’indique que les Myrtilles en ingestion ralentissent l’apparition des rides.

De la vitamine C en trop faible quantité

Certaines études ont suggéré que la vitamine C (acide ascorbique) améliorait l’apparence de la peau. La vitamine C est importante pour la cicatrisation, puisqu’elle stabilise le collagène (protéine élastique de la peau). Or, on ignore si une consommation importante de vitamine C améliore la cicatrisation, ou améliore l’élasticité du collagène. Les Myrtilles sont composées de vitamine C, mais encore une fois, dans des quantités insuffisantes (9 mg pour 100 g de Myrtilles fraîches) pour espérer satisfaire les besoins journaliers.

Illuminent-elles le teint ?

Quelques articles sur internet laissent à penser que les Myrtilles donneraient du pep’s au teint, qu’elles donneraient un « effet bonne mine ». Ces derniers suggèrent que les composés polyphénoliques des Myrtilles en sont les principaux acteurs. De nouveau, aucune preuve solide ne le confirme.

D’autres suggèrent que l’arbutine des Myrtilles contribuent à éclaircir la peau, à harmoniser le teint et estomper les rougeurs. L’arbutine possèderait bien des propriétés dépigmentantes. Ce composé naturel inhiberait l’activité de la tyrosinase, une enzyme qui transforme la tyrosine en mélanine, un pigment cutané. L’arbutine se retrouve majoritairement dans les plantes de la famille des Ericacées, mais seulement dans l’écorce ou les feuilles ! Les fruits ne contiennent pas d’arbutine. Les Myrtilles ne peuvent donc pas prétendre atténuer les rougeurs ou illuminer le teint.

Comment les consommer ?

Habituellement, il est recommandé de consommer 100 à 150 g de myrtilles fraîches par jour (une portion de fruit). Les fruits séchés doivent être considérés comme des produits sucrés, il est nécessaire de se limiter à 25 g de myrtilles séchées par jour.

En l’absence de solides résultats, ces apports n’auront pas d’impact sur la peau : les Myrtilles ne ralentissent pas l’arrivée des rides, ne rehaussent pas l’éclat ou n’affinent pas le grain de la peau. Néanmoins, leurs nombreux micronutriments ne sont pas dénués de propriétés, mais ils s’intègrent dans une hygiène de vie globale.

L’absence de ressource scientifique solide entre la consommation de Myrtilles et les effets sur la peau n’est pas un cas à part. C’est en réalité le cas pour de nombreux fruits et légumes. Le défi de la nutricosmétique est d’observer si certains nutriments/aliments apportent plus d’avantages que d’autres. Les recherches dans ce domaine en sont encore à leurs prémices.

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Bibliographie

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Site Web : Myrtille : Calories et composition nutritionnelle | Aprifel. (2022, 29 juin). Aprifel. https://www.aprifel.com/fr/fiche-nutritionnelle/myrtille/?tab=composition_analyse_nutritionnelles