La prostate est une glande située sous la vessie des hommes, destinée à sécréter le liquide séminal. La prostate peut être le lieu de diverses pathologies, telles que l’hyperplasie bénigne de la prostate (adénome), cancer de la prostate, prostatite, etc. Il est suggéré que l’activité physique et l’alimentation sont des facteurs de risque de certaines pathologies de la prostate (de l’hyperplasie ou du cancer de la prostate). De nombreuses études évaluent l’efficacité d’extraits de fruits comme thérapie d’accompagnement pour certaines pathologies de la prostate. Mais qu'en est-il des Cranberries ? Ces dernières contiennent une variété de composés polyphénoliques, y compris les acides organiques, les acides phénoliques, les flavonoïdes, les anthocyanes… Il est démontré que ces composés phytochimiques sont antioxydants ou bien anti-inflammatoires. Ceci laisse penser que les Cranberries sont intéressantes pour une prostate en bonne santé.

Cet article a été mis à jour le 26/11/2023

En cas d’hyperplasie bénigne de la prostate

De quoi s'agit-il ?

Les Cranberries se retrouvent régulièrement dans les aliments santé, conseillés pour diverses pathologies. L’hyperplasie bénigne de la prostate n’y échappe pas, puisque les phytonutriments des Cranberries sembleraient être intéressants pour ce cas. L’hyperplasie bénigne de la prostate (HPB) correspond à un grossissement de la prostate à cause du développement de multiples nodules fibro-adénomateux. L’origine de ces nodules est inconnue, mais cela serait probablement induit par un déséquilibre hormonal avec le vieillissement.

Concrètement : les résultats d'une étude clinique

Une étude scientifique observe qu’une consommation de poudre de Cranberries pendant 8 semaines entraine une diminution significative du poids de la prostate de 33 % et des niveaux de dihydrotestostérone d’environ 22 % (produit de la coupure de la testostérone). Les auteurs suggèrent qu’un phytonutriment de la poudre de Cranberries atténue l’HPB en inhibant une enzyme (5-alpha réductase) qui découpe la testostérone en dihydrotestostérone (DHT). Cette dernière est une hormone qui stimule la croissance de la prostate. Une diminution de sa concentration contribue à ralentir l’accroissement de la prostate.

Ce résultat concerne uniquement la poudre de Cranberries, et non les Cranberries crues ou séchées. Sachant que la poudre concentre les phytonutriments, il faudrait consommer beaucoup de Cranberries fraiches ou séchées pour obtenir les mêmes concentrations de phytonutriments que dans la poudre.

D’un point de vue hygiéno-diététique, consommer de grandes quantités de fruits séchés n’est pas judicieux, de même que pour les fruits frais ou l’excès n’est pas sans risque (hyperglycémie, hypertriglycéridémie, etc.)

En définitive, la poudre de Cranberries est un candidat intéressant pour prévenir ou accompagner une hyperplasie bénigne de la prostate

En accompagnement d’un cancer ?

Pendant un cancer : impensable

De nombreuses études scientifiques in vitro, in vivo (animal ou humain) recherchent les effets des Cranberries sur certains types de cancer de la prostate. Par exemple, une étude menée in vitro a examiné l’effet cytotoxique (c’est-à-dire la capacité de détruire une cellule, ici cancéreuse) des Cranberries sur les cellules d’adénocarcinome de la prostate DU145 (une lignée de cancer hormono-dépendant). Les scientifiques concluent que les Cranberries peuvent induire l’apoptose, la destruction, des cellules cancéreuses de la prostate in vitro. Selon ces derniers, les proanthocyanidines et les flavonols (phytonutriments) de l’extrait de Cranberries a entrainé la libération du cytochrome-C par les mitochondries. Pour simplifier, cela induirait la rupture des mitochondries, des organites qui se trouvent dans les cellules (cancéreuses ou non) et qui procurent de l’énergie aux cellules (l’absence de mitochondrie induit la mort de la cellule).

Néanmoins, cette étude est à prendre avec du recul : elle ne concerne qu’un seul type de cancer de la prostate (il n’existe pas qu’un seul cancer, mais des cancers), et elle est faite dans des tubes à essais (pas sur du vivant). Il est donc malvenu de suggérer une complémentation en Cranberries vis-à-vis d’un cancer, de la prostate ou non. Les résultats sont intéressants, mais ils ne doivent remplacer les recommandations des médecins et les traitements ! Les Cranberries ou l’extrait de Cranberries ne peuvent pas nous protéger du cancer de la prostate.

En accompagnement d'une radiothérapie : pourquoi pas

Toujours est-il que les Cranberries ne sont pas à exclure pour autant ! Une étude randomisée en double aveugle et contrôlée par placebo a observé les bienfaits que les Cranberries procurent en cas de cystite radique aiguë (inflammation de la vessie). C’est un effet secondaire courant chez les hommes recevant une radiothérapie externe pour un cancer de la prostate. 41 hommes ont reçu 72 mg de proanthocyanidines issus des Cranberries par jour, pendant deux semaines. À la fin de ces deux semaines, la sévérité des symptômes urinaires (brûlures à la miction, incontinence, débit urinaire, etc.) s’est grandement améliorée pour les hommes suivant le régime prenant des proanthocyanidines de Cranberries (65 %).

Les Cranberries fraiches ou séchées n’ont pas été testées, de ce fait ce résultat ne les concerne pas. Cette étude est tout de même à considérer, puisque cette fois-ci les composés des Cranberries accompagnent le traitement du cancer.

En somme, les proanthocyanidines des Cranberries peuvent réduire les douleurs et gênes de la vessie subi par la radiothérapie.

Comment les consommer ?

À notre connaissance, aucune étude s’intéresse aux propriétés des Cranberries fraiches, séchées, ou en jus sur certains troubles de la prostate. Les études observées utilisent des extraits de Cranberries, des concentrés ou de la poudre de Cranberries.

Les preuves sont insuffisantes pour conseiller d’utiliser des Cranberries séchées ou fraiches. Il est préférable de se rapprocher des compléments alimentaires de Cranberries standardisés et stabilisés en proanthocyanidines. Une teneur de 80 mg de proanthocyanidines serait satisfaisante, pour l’hyperplasie bénigne de la prostate ou pour les symptômes induits par la radiothérapie du cancer de la prostate.

À titre d’information, la teneur en proanthocyanidines varie de 18 à 92 mg pour 100 Cranberries séchées. Ainsi, pour atteindre une concentration de proanthocyanidines satisfaisante, il faudrait consommer 90 g à 440 g de Cranberries séchées quotidiennement. Or, les recommandations de santé des fruits séchées sont de 30 g par jour. 

D’autres extraits naturels complémentaires

La nature offre d’autres plantes utiles face à l’hyperplasie bénigne de la prostate.

L’huile de Pépin de courge inhiberait le fonctionnement de certaines enzymes, ce qui diminuerait le taux de DHT. Il conviendrait de consommer 1 à 2 cuillères à soupe par jour d’huile de Pépin de courge, crue, pendant 12 mois pour observer des résultats.

Le macérat de bourgeon de Séquoia Géant contribuerait également au bon fonctionnement de la prostate. En stimulant la sécrétion des hormones 17-cétostéroïdes, il décongestionnerait la prostate. Les recommandations d’utilisation des macérats de bourgeon sont de 15 gouttes par jour dans un verre d'eau, de préférence le matin, pendant 3 semaines. Commencer par 5 gouttes et augmenter au fur et à mesure.

Enfin, l’Epilobe est une plante conseillée en cas de troubles de la prostate ou urinaire. Les tanins de l’Epilobe réduiraient le taux de DHT en inhibant la 5-alpha-réductase. Il est recommandé de la consommer en infusion.

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Bibliographie

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