Basés sur les connaissances actuelles en matière de maladies inflammatoires, les conseils suivants ont été rédigés dans une approche préventive et intégrative de la santé, en appui des traitements conventionnels. Dans un souci d’amélioration continue, n’hésitez pas à utiliser le forum pour donner votre avis et partager vos connaissances.

Cet article a été mis à jour le 19/12/2023

Morphée (sclérodermie localisée) : une maladie rare, inflammatoire et polymorphe

Sous le terme de morphées (Étym. gr. morphée : forme) sont regroupées différentes manifestations dermatologiques caractérisées par une fibrose ou sclérose de la peau (épaississement et durcissement anormal) qui peut aussi toucher des tissus mous sous-jacents (graisse, fascia, muscles, et même parfois os). C’est une maladie rare, de nature inflammatoire et de cause encore inconnue, supposée auto-immune. On parle aussi de « sclérodermie cutanée » ou de « sclérodermie localisée » par opposition à la sclérodermie systémique, une autre maladie qui, en plus de la peau, affecte les organes internes et la circulation sanguine.

Il en existe trois formes cliniques qui peuvent co-exister dans certains cas :

  • morphée en plaques plus fréquente chez l’adulte avec un préjudice principalement esthétique,
  • morphée linéaire avec une plus grande prévalence chez l’enfant. Quand les bandes sont creuses et situées au niveau du front, elles donnent un aspect en coup de sabre.
  • morphée généralisée qui reste exceptionnelle.

Le diagnostic est d’abord clinique, confirmé par une biopsie cutanée mettant en évidence une accumulation anormale de collagène. Les maladies de morphée sont par ailleurs fréquemment associées à des anomalies immunologiques (anticorps en concentrations élevées). C’est la raison pour laquelle, elles sont classées dans les maladies auto-immunes. Même si un lien génétique n’est pas encore identifié, certains patients avec des antécédents familiaux de maladies auto-immunes seraient plus susceptibles de souffrir de morphée. Dans d’autres cas, il peut y avoir un traumatisme déclencheur comme une chute, une chirurgie, une irradiation...

Pourquoi envisager une approche globale dans le cas de la maladie de morphée ?

Les traitements actuels ne permettent pas encore de guérir d’une morphée mais, au vu des manifestations locales de cette maladie, de son caractère inflammatoire et de ses répercussions sur la qualité de la vie, il peut être intéressant d’envisager une approche globale. Plusieurs axes de soins naturels, complémentaires des traitements conventionnels, sont alors intéressants à considérer :

  • soulager et hydrater localement avec une sélection d’huiles essentielles et d’huiles végétales ;
  • privilégier les aliments et micronutriments qui peuvent contribuer à limiter l’inflammation et éviter ceux qui risquent de l’aggraver ;
  • envisager des cures de Macérats de bourgeons pour réguler le terrain inflammatoire ;
  • aider à mieux gérer le stress et l’impact psychosocial propres à cette maladie

Les conseils qui en découlent devront être personnalisés et pourront évoluer en fonction de l’avancée de la recherche dans ce domaine. Ils tiennent compte par ailleurs des connaissances actuelles pour éviter d’interagir avec les traitements conventionnels prescrits. Dans tous les cas, il est recommandé d’en informer son médecin.

Suivi médical et traitements conventionnels

Le traitement va dépendre du type de morphée (linéaire, en plaque ou généralisée), de l’âge du patient et de l’atteinte ou non des tissus sous-jacents à la peau. A ce jour, il n’est que symptomatique.

La morphée en plaque ne nécessite pas toujours de traitement car elle peut évoluer normalement pendant 3 à 5 ans avant de régresser d’elle-même en quelques années. Des traitements locaux à base de dermocorticoïdes, de dérivés de la vitamine D ou encore d’immunosuppresseurs topiques peuvent être proposés. Il existe aussi la photothérapie comme alternative.

A contrario, une prise en charge précoce semble importante, notamment pour limiter les séquelles, en cas de morphées linéaire ou généralisée. Le traitement repose alors sur une corticothérapie par voie générale, le plus souvent associée à un médicament immunosuppresseur (méthotrexate). Une chirurgie réparatrice d’appoint est parfois nécessaire. Des séances de kinésithérapie au long court pourront aussi être mises en place dans les formes présentant un risque de perte de mobilité.

Des huiles essentielles et végétales pour soulager localement

Toutes les formes de morphée présentent une fibrose cutanée inflammatoire avec pour caractéristiques communes :

  • un épaississement des faisceaux de collagène au niveau du derme qui peut atteindre l’hypoderme,
  • des démangeaisons,
  • un assèchement de la peau.

Compte tenu de leurs propriétés anti-inflammatoires, hydratantes et réparatrices du tissu cutané, il peut être intéressant d’avoir recours à certaines huiles essentielles et huiles végétales. Elles ne permettront évidemment pas de guérir de la maladie de morphée mais elles pourront contribuer à en atténuer certains signes.

Le duo réflexe : l’huile essentielle de Lemongrass et l’huile végétale de Sésame

Pourquoi ces huiles ?

En dehors des périodes de traitement à base de corticoïdes locaux, l’huile essentielle de Lemongrass est l’huile essentielle qui semble la plus indiquée. Ses propriétés anti-inflammatoires, liées à sa richesse en citrals (aldéhydes terpéniques), étaient connues depuis longtemps mais une étude in vitro de 2017 a permis de préciser son mécanisme d’action au niveau des fibroblastes (cellules du tissu cutané) en cas d’inflammation. Contrairement à d’autres huiles essentielles habituellement utilisées pour régénérer la peau et accélérer le processus de cicatrisation, l’action du l’huile essentielle de Lemongrass ne risque pas par ailleurs d’amplifier le phénomène de sclérose.

Pour limiter les risques d’irritation cutanée, on l’utilisera toujours diluée. Cela permettra par ailleurs de bénéficier des propriétés propres à l’huile végétale. C’est l’huile de Sésame qui a été choisie dans ce cas en raison de son pouvoir hydratant. Très pénétrante, elle permettra également un massage bénéfique pendant l’application sur les plaques.

Comment les utiliser ?

Adultes et enfants de plus de 6 ans. Par voie locale, préparer un mélange à 5 % d'huile essentielle de Lemongrass dans l’huile végétale de Sésame (0.5 mL ou 15 gouttes d’HE dans 9,5 mL d’HV). Une à deux fois par jour, pendant 20 jours maximum. Faire une pause d’une semaine avant de renouveler l’application. Bien se laver les mains après application en cas de contact direct.

Ou une synergie plus complète...

L’huile essentielle de Lemongrass peut être utilisée seule avec l’huile végétale de Sésame. Certaines études montrent que son action anti-inflammatoire peut être renforcée par celle de l’huile essentielle d’Eucalyptus citronné, autre huile essentielle riche en aldéhydes terpéniques. Par ailleurs, si les démangeaisons sont importantes, il est intéressant de les associer avec l’huile essentielle Géranium Rosat dans une synergie prête à l’emploi. On y ajoutera enfin de l’huile végétale de Chanvre pour compléter l’action anti-inflammatoire et apaisante des huiles essentielles.

Le mélange

Prenez un flacon vide de 10ml et ajoutez :

  • 5 gouttes d’huile essentielle de Lemongrass
  • 5 gouttes d’huile essentielle de Eucalyptus citronné
  • 5 gouttes d'huile essentielle de Géranium rosat
  • 40 gouttes d’huile végétale de Chanvre
  • compléter le flacon avec de l’huile végétale de Sésame (7.5 mL)

Homogénéisez le mélange obtenu puis étiquetez votre flacon. Votre synergie est prête.

Modes d’utilisation

En application cutanée, masser avec 1 à 2 gouttes du mélange sur chaque plaque. Renouvelez l'opération 2 fois par jour maximum. Après 21 jours d’application, faire une pause d’une semaine en n’utilisant que des huiles végétales.

Bien se laver les mains après application en cas de contact direct.

Utilisateurs autorisés

OUI. Les adultes et les enfants de + de 6 ans.
NON. Les femmes enceintes et allaitantes, les enfants de - de 6 ans.

Précautions particulières

  • Les personnes asthmatiques doivent demander un avis médical avant l'utilisation de cette synergie.
  • Plusieurs huiles essentielles du mélange étant potentiellement irritantes, il est conseillé de bien respecter le mode d’emploi et les quantités indiquées.
  • Il est recommandé de réaliser le test allergique avec le mélange dans le creux du coude avant toute utilisation.

Adapter son alimentation pour limiter l’inflammation

Les connaissances actuelles sur les liens entre les pathologies inflammatoires et l’alimentation « moderne », sont intéressantes à prendre en compte dans le cas de la maladie de morphée. Sans pouvoir certes agir sur la cause, certaines habitudes alimentaires vont malgré tout permettre d’éviter d’entretenir le processus inflammatoire. Par ailleurs, certains micronutriments seront utiles à surveiller pour éviter d’être en déficit.

Eviter les fastfoods et les aliments trop raffinés

Caractéristiques de l’alimentation moderne, ces aliments sont à la fois trop riches en « mauvaises » graisses (acides gras saturés et trans, excès d’omégas 6) et en glucides à index glycémique élevé (ex : aliments riches en farines et sucre blancs). Ils sont par ailleurs pauvres en micronutriments essentiels (ex : fibres, minéraux, vitamines, anti-oxydants) et enrichis en additifs (conservateurs, colorants…) et autres produits transformés (huiles hydrogénées, sirops de glucose…). On sait maintenant que tout cela favorise un terrain inflammatoire, un stress oxydant et un déséquilibre de la flore intestinal, lui-même pro-inflammatoire.

Maintenir un bon rapport omégas 3 / omégas 6

L'équilibre entre les omégas 3 et les omégas 6 est essentiel en nutrition santé, tout particulièrement dans le processus inflammatoire. Or, il est aujourd’hui démontré que notre alimentation est fortement déséquilibrée, apportant le plus souvent trop d'oméga 6 et pas assez d'oméga 3. Ce déséquilibre favoriserait l’entretien d’un état inflammatoire chronique.

Dans le cas de la maladie de morphée, afin d’éviter de « mettre de l’huile sur le feu » par une alimentation déséquilibrée. On veillera donc à :

  • limiter les sources excessives d'omégas 6 (ex : huiles végétales trop riches en omégas 6, aliments issus de l'industrie agro-alimentaire) ;
  • apporter tous les omégas 3 (ALA, EPA et DHA) au travers de sources végétales ET animales.

Pour en savoir plus sur ce sujet et les aliments à choisir au quotidien, nous vous recommandons de consulter cette page : l’importance du rapport oméga 3 / oméga 6 en nutrition.

Couvrir ses besoins en anti-oxydants et vitamines D

Le processus inflammatoire et le stress oxydant étant intimement liés, il est important d’apporter différents anti-oxydants pour soutenir l’organisme dans ses fonctions de régulation. On privilégiera les sources alimentaires pour optimiser ses apports en :

  • vitamine C (anti-oxydant bien connu et cofacteur d’enzymes agissant au niveau du collagène)
  • vitamine A, béta-carotène et vitamine E (action complémentaire et synergique à celle de la vitamine C)
  • Zinc et Sélénium (cofacteurs des enzymes antioxydantes de l’organisme)
  • Polyphénols (molécules qui apportent notamment couleur, arôme et pouvoir anti-oxydant aux fruits, légumes, plantes aromatiques et épices)

Compte tenu des études récentes portant sur la vitamine D et son rôle dans la réponse inflammatoire, il sera utile d’en vérifier le statut et d’envisager une complémentation sur avis médical.

Résumé des aliments à éviter et privilégier

  • Eviter le plus possible les fast-foods, les plats et viennoiseries industriels, les fritures, les huiles trop riches en omégas 6 (tournesol, arachide, pépin de raisins…) ;
  • Privilégier les sources de « bons gras » végétal (ex : huiles de colza, olive, graines de chia, de chanvre, oléagineux…) et animal (ex : œufs et autres produits de la filière Bleu-Blanc-Cœur, petits poissons gras de type sardine ou maquereau au moins une fois par semaine) ;
  • Donner une place de choix, tous les jours, aux fruits et légumes, si possible de saison, bio, de couleurs variées… A eux- seuls, ils apportent déjà beaucoup de fibres, minéraux, vitamines, polyphénols…
  • Remplacer progressivement les sucres et farines « blancs » trop raffinés par des produits semi-complets.
  • Adopter une cuisine gourmande en variant les plantes aromatiques (ail, thym, romarin, laurier…) et les épices (curry, cumin, curcuma, paprika…)

Il s’agit de conseils généraux basés sur les référentiels actuels en micronutrition et le régime «méditerranéen-crétois», connus pour contribuer à limiter un terrain inflammatoire. Un accompagnement personnalisé avec un diététicien ou un médecin micro-nutritionniste permettra de les adapter à chaque situation et d’y ajouter, si besoin, des compléments alimentaires.

Des macérats de bourgeons pour réguler le terrain

Certains macérats de bourgeons sont connus pour avoir une action sur les processus inflammatoires. Leur mécanisme d’action n’est pas encore scientifiquement prouvé, mais des analyses (ex : taux de corticostéroïdes) et surtout des retours d’expérience ont notamment permis de confirmer leur intérêt dans le domaine cutané.

En raison de la présence d'alcool, les macérats de bourgeons sont déconseillés avant l’âge de 3 ans et chez les femmes enceintes. Pour les femmes allaitantes, la prise peut se faire uniquement sur avis médical.

Utilisés en cures de 21 jours, ils pourront être conseillés en cas de morphée pour soutenir et améliorer le terrain général :

  • le macérat de bourgeons de Cassis qui est un puissant anti-inflammatoire. Compte tenu de son action cortisone-like, il est cependant conseillé de l’utiliser en dehors des périodes de traitement à base de corticoïdes généraux et d’éviter de le prendre le soir.
  • le macérat de bourgeons de Cèdre du Liban pour son indication en cas de dermatites sèches.
  • le macérat de Vigne considéré comme étant LE macérat des états inflammatoires chroniques.

La gestion du stress et la prise en compte de la qualité de vie

La maladie de morphée ayant un impact sur l’apparence physique et la qualité de vie, il peut être particulièrement difficile de vivre avec au quotidien. Un soutien psychologique pourra alors être bénéfique.

Compte tenu des liens étroits entre les phénomènes inflammatoires et le stress chronique, il sera également important d’en limiter l’impact grâce à :

  • des apports en magnésium par l’alimentation et/ou une complémentation en fonction de la sensibilité au stress de la personne ;
  • des huiles essentielles en olfaction pour leur effet relaxant et apaisant avec des explications plus détaillées dans l’article Comment lutter contre le stress avec les huiles essentielles ?
  • un bon sommeil et des techniques de respiration comme la cohérence cardiaque…
  • des plantes utilisables en tisanes (Mélisse, Passiflore, Tilleul ou Verveine à choisir en fonction de leurs précautions d’emploi) et d’autres macérats comme le macérat de bourgeons de Figuier, connus pour lutter contre le stress, l’anxiété ou les troubles du sommeil