Tisane de Thym : peut-elle soulager en cas d’infection urinaire ?

Les infections urinaires sont généralement des infections au niveau de la vessie, aussi dénommées cystites dans le langage courant. On estime que dans 90 % des cas, c’est la bactérie Escherichia coli qui est incriminée dans cette infection. Très courante chez la femme, la cystite se manifeste par des envies fréquentes et pressantes d’aller uriner (pollakiurie), des sensations de brûlures ou de douleurs lors de la miction et des urines troubles et odorantes.  

Tous ces signes nécessitent de consulter rapidement pour savoir s’il s’agit d’une cystite bactérienne ou interstitielle et bénéficier d’un traitement adapté permettant d’éviter les risques de complication au niveau rénal. D’où l’importance, en cas de recours à des solutions naturelles, de choisir des plantes ayant des effets reconnus dans ce domaine. Or, les tisanes de Thym (Thymus vulgaris) ne sont pas les tisanes les plus conseillées en cas de cystites. En effet, d’après son usage traditionnel et les connaissances actuelles, le Thym séché (ou ses extraits aqueux) ne possède pas d’actions antiseptique urinaire, diurétique ou encore antispasmodique sur les voies urinaires. En revanche, le fait d’en boire sous forme de tisane aura quand même un intérêt pour contribuer aux apports hydriques.

Le Thym n’a pas de propriétés diurétiques, contrairement à l’Orthosiphon ou Thé de Java (Orthosiphon stamineus), la Piloselle (Hieracium pilosella) ou la Bruyère (Erica cinerea L.) par exemple. En revanche, les tisanes de Thym peuvent un être bon moyen pour apporter de l’eau à l’organisme. En effet, en cas d’infection urinaire, il est recommandé d’avoir une bonne hydratation (boire au moins 1,5 L d’eau ou de boissons non alcoolisées par jour) pour permettre la dilution des micro-organismes dans l’urine et faciliter leur élimination. C’est d’ailleurs l’une des mesures prophylactiques que l’HAS (Haute Autorité de Santé) a mise en place pour les personnes présentant au moins 4 épisodes de cystites aiguës et récidivantes par an. De ce fait, la tisane de Thym peut être intéressante pour contribuer aux apports hydriques en veillant toutefois à ne pas se limiter au Thym et à alterner avec d’autres plantes ou simplement avec de l’eau.

Seule l’huile essentielle de Thym a fait l’objet de recherches sur des microorganismes impliqués dans les infections urinaires. Dans ce cadre, une étude in vitro a analysé les effets de l’huile essentielle de Thymus vulgaris sur la croissance et la formation de biofilm d’Escherichia coli (E. coli) uropathogène (micro-organismes causant l’infection urinaire). À l’issue de l’étude, les chercheurs observent les effets inhibiteurs de l’huile essentielle sur la croissance de la bactérie E. coli et le développement d’un biofilm. Plus la concentration en huile essentielle était élevée et plus la formation de biofilm était réduite. Selon l’étude, ces propriétés seraient liées à la composition en thymol et en carvacrol de l’huile essentielle de Thymus vulgaris. Par ailleurs, le caractère hydrophobe de l’huile essentielle aurait un impact sur la structure de la membrane des bactéries et leur paroi (altération du système respiratoire, de la perméabilité cellulaire, etc.) entrainant ainsi la lyse et la mort de la bactérie.

Même si la plante séchée contient une fraction d’huile essentielle, les résultats de cette étude ne permettent pas d’attribuer à une tisane de Thym les mêmes effets. De plus, cette étude ayant été réalisée in vitro, d’autres recherches in vivo et cliniques sont nécessaires pour confirmer son efficacité et déterminer les doses à prendre.

Les extraits naturels peuvent être pertinents pour soulager les infections urinaires ou les prévenir en cas de cystites récidivantes. En revanche, en cas de persistance ou d’aggravation des symptômes (dans les 48 heures suivant son apparition), une consultation médicale en urgence est primordiale afin d’éviter que l’infection affecte les reins (pyélonéphrite). Par ailleurs, les personnes fragiles ou sensibles (les femmes enceintes, les personnes âgées ou immunodéprimées, etc.) doivent consulter très rapidement pour prévenir le risque de complications. 

Les huiles essentielles telles que l’huile essentielle de Tea Tree, l’huile essentielle de Sarriette des Montagnes et l'huile essentielle d’Origan Compact sont utiles pour lutter contre les infections urinaires grâce à leurs propriétés anti-bactériennes à large spectre, anti-infectieuses et antalgique. Plus précisément, ces trois huiles essentielles bloquent le développement d’Escherichia coli, une bactérie responsable de la cystite dans 90 % des cas. En plus d’agir contre cette bactérie, l’huile essentielle de Sarriette des Montagnes diminue la douleur en bas du ventre, qui est un symptôme très fréquent lors d’une cystite. En effet, la composition en paracymène (5 à 25 %) de l’huile essentielle de Sarriette des Montagnes confère une action antalgique percutanée. Attention toutefois à bien respecter leurs précautions d’utilisation. Les huiles essentielles de Sarriette et d’Origan sont à la fois puissantes et délicates d’emploi.

• La Busserole (Arctostaphylos uva-ursi) est traditionnellement employée “pour le traitement des symptômes des infections légères récurrentes du tractus urinaire” dont les brûlures ou les mictions fréquentes, selon l’EMA (Agence européenne du médicament). En effet, la Busserole renferme de l’arbutine, qui une fois transformée dans les voies urinaires, cette molécule se décompose au contact de l’urine en glucose et en hydroquinone. L’hydroquinone est un puissant antiseptique efficace contre Escherichia coli (E.coli), responsable de la plupart des infections urinaires. De plus, la Busserole compile à la fois des propriétés diurétiques, antiseptiques, mais aussi anti-inflammatoires et antalgiques urinaires.

• La Bruyère (Erica cinerea L.) comme la Busserole est une plante présentant des propriétés antiseptiques liées à sa composition en arbutine. En revanche, il semblerait que la Bruyère soit moins concentrée en arbutine que la Busserole. En complément alimentaire, la Bruyère et la Busserole sont souvent combinées pour favoriser le confort urinaire. 

• La Verge d’Or, aussi connu sous le nom « Solidage » (Solidago virgaurea L.) est reconnue par l’EMA (Agence européenne du médicament) et par l’ESCOP (Coopération scientifique européenne en phytothérapie) comme “traitement complémentaire” des infections (des voies) urinaires. En parallèle, la Commission E du ministère de la Santé allemand admet l’utilisation de la Verge d’Or “pour augmenter le volume des urines lors d’inflammations des voies urinaires basses, et pour prévenir l’apparition de calculs urinaires”. Ces bienfaits sur la santé urinaire et rénale sont liés à ses propriétés diurétiques. 

Les Cranberries contiennent des pro-anthocyanidines de type A (PAC-A) qui elles inhibent l’adhésion des bactéries (et particulièrement E.coli) sur les cellules épithéliales urinaires. En plus de son action inhibitrice, on suppose que la concentration en acides des Cranberries permettrait d’acidifier le pH des urines, et de ce fait, de bloquer la croissance des bactéries E. Coli. Dans le dernier rapport de la HAS (Haute Autorité de Santé) datant de 2016, cette dernière cite que : “La canneberge peut être proposée en prévention des cystites récidivantes à E.Coli, à la dose de 36 mg/j de proanthocyanidine”.