Le Poivre noir est l'une des épices les plus utilisées dans le monde. Sa saveur caractéristique, piquante, est attribuée à la présence de pipérine, un composé phytochimique actif. Celle-ci procure au Poivre noir de nombreux effets pharmacologiques, tels qu'un pouvoir antioxydant, antidiabétique, antimicrobien, immunomodulateur, anti-inflammatoire et neuroprotecteur. De plus, cette épice est utilisée depuis des siècles dans diverses médecines traditionnelles. Bien que les bienfaits du Poivre noir soient nombreux, des données indiquent que la pipérine, en forte quantité, peut nuire au fonctionnement normal de certains organes, comme le foie, le système digestif et la peau. Le Poivre noir interagirait également avec le métabolisme des médicaments.

Cet article a été mis à jour le 19/08/2024

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Oui, s’il est consommé en excès

Le Poivre noir est une épice populaire et ancienne, cultivée dans de nombreux pays. Obtenu à partir des fruits séchés, le Poivre noir est consommé dans presque toutes les cultures gastronomiques du monde. Il est composé de 1,7 à 7,4 % de pipérine, un composé actif à l'origine des nombreux bienfaits du Poivre noir et de son goût piquant. En faible quantité, pour aromatiser un plat, le Poivre noir ne présente aucun risque.

Cependant, en grande quantité, comme complément alimentaire, le Poivre noir peut devenir nuisible. En effet, l'absorption de la pipérine du Poivre noir est très bonne : puisque 97 % de la pipérine consommée passe la barrière intestinale, 3 % seulement rejoint les selles. Ainsi, quasiment toute la pipérine rejoint le système sanguin. Des essais scientifiques ont examiné l'administration de la pipérine sur des animaux. Ces derniers ont conclu qu'un excès de pipérine peut entraîner des lésions hépatiques, des perturbations du bilan hépatique (augmentation des taux d'ASAT et d'ALAT, des enzymes hépatiques, dans le sang), une baisse de la fertilité masculine (réduction significative des fonctions enzymatiques de l'épididyme, des taux sialiques et du développement des testicules), et pourrait endommager l'ADN ainsi que le fonctionnement des cellules immunitaires.

Par ailleurs, l'excès de Poivre noir peut entraîner des troubles du système digestif, comme des douleurs à l'estomac, des nausées, des diarrhées, des constipations, et des sensations de brûlure dans la gorge. Plus rarement, le Poivre noir peut provoquer des irritations cutanées, des démangeaisons, un gonflement et des rougeurs de la peau.

En somme, le Poivre noir est sans danger lorsqu'il est consommé de façon raisonnable dans un cadre culinaire. En excès, le Poivre noir pourrait entraîner des dermatoses ou des troubles digestifs. Quant à la pipérine, elle pourrait être hépatotoxique, génotoxique, immunotoxique et reprotoxique.

Des risques d’interaction médicamenteuse

Le Poivre noir est reconnu pour améliorer la biodisponibilité intestinale, c'est-à-dire qu'il augmente la capacité d'absorption des substances à franchir la barrière intestinale. C'est en réalité la pipérine qui est à l'origine de cette disposition : elle est capable de modifier l'ultrastructure de la bordure en brosse intestinale, ce qui augmenterait la perméabilité de l'intestin et la dynamique d'absorption. Cette propriété bien connue explique la combinaison du Poivre noir et du Curcuma, puisque la pipérine accroît l'absorption de la curcumine, une substance anti-inflammatoire.

Toutefois, cet avantage peut devenir un inconvénient. En effet, l'augmentation de la biodisponibilité n'est pas sélective, donc toutes les substances rejoignent plus facilement la circulation sanguine. Ainsi, les médicaments, les drogues et les autres substances seraient mieux absorbées, ce qui peut être nocif pour l'organisme. En ce qui concerne le duo Poivre noir et Curcuma, la pipérine augmente l'hépatotoxicité du curcuma, en améliorant sa biodisponibilité.

De plus, la pipérine modifie le métabolisme des médicaments. En effet, elle inhibe le fonctionnement de plusieurs enzymes, telles que l'UDP-glucuronyl transférase, l'UDP-glucose déshydrogénase, le cytochrome NADPH, le CYP3A4, le cytochrome P450 (CYP) 3A (CYP3A), le cytochrome BS et l'arylhydrocarbone hydroxylase (AAH). Ces enzymes sont impliquées dans la décomposition et l'élimination de nombreux médicaments et substances chimiques.

Ainsi, l'association du Poivre noir et des médicaments ne fait pas bon ménage. La pipérine du Poivre noir faciliterait l'entrée des substances toxiques et nuirait à l'élimination des médicaments.

Conseil de consommation

La pipérine serait sans danger pour la santé en dessous de 5 mg/kg par jour. Cela signifie que pour un adulte de 70 kg, il ne devrait pas consommer plus de 350 mg de pipérine par jour. Cette dose est définie scientifiquement : elle correspond au NOAEL (No Observed Adverse Effect Level) du Poivre noir, c'est-à-dire le niveau le plus élevé qui n'entraîne aucun effet secondaire détectable.

Sachant que la pipérine représente en moyenne 4,5 % du Poivre noir, cela nécessiterait de consommer plus de 7 grammes de Poivre noir par jour pour un adulte de 70 kg. Notons qu'un grain de Poivre noir pèse environ 0,06 g. Pour un adulte de 70 kg, il ne faudrait donc pas consommer plus de 116 grains de Poivre noir par jour, ou 3-4 cuillères à café bombées de Poivre noir. Il est donc quasiment impossible, dans le cadre culinaire, de consommer autant de Poivre noir, sachant que quelques milligrammes de Poivre noir suffisent pour aromatiser un plat familial.

Il est également conseillé d'éviter une prise médicamenteuse en même temps qu'une forte consommation de Poivre noir. Le mieux est d'espacer de quelques heures les prises, afin de limiter les interactions.

Avant toute supplémentation, il est bien sûr recommandé de consulter un professionnel de la santé.

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