Pour bien comprendre d’où provient une huile essentielle, revenons un petit peu aux sources. Car, ne l’oublions pas, une huile essentielle est un extrait pur, naturel et total obtenu à partir d’une matière première végétale. On parle souvent d’huile essentielle de Lavande, jusque là ça va on visualise… mais laquelle ? La Lavande Fine, la Lavande Vraie, la Lavande Aspic... Quelles sont les différences entre ces huiles essentielles et en quoi ces subtilités font de l’aromathérapie une médecine précise à ne pas prendre à la légère ?
Le saviez-vous ?
7 kg de boutons floraux séchés de Clous de Girofle suffisent à produire 1 kg d’huile essentielle...
...pendant que près de 4 tonnes de pétales de Rose de Damas sont nécessaires pour obtenir un seul petit kilo d’huile essentielle.
Nous comprenons mieux pourquoi elle ne rentre pas dans notre budget...
La caractérisation d’une huile essentielle de qualité passe tout d’abord par une connaissance et une sélection de la plante.
Au sein du règne végétal, les critères morphologiques d’une plante permettent de la classer selon différents rangs :
Règne
Embranchement
Classe
Ordre
Famille
Genre
Espèce
Sous-Espèce
Nous allons vous passer les noms barbares du règne Plantae, des différents embranchements, classes et ordres tous plus farfelus les uns que les autres…
Mais si vous souhaitez vous faire une idée sur cette classification plus que complexe, vous pouvez toujours cliquer sur la petite image juste ici →
Les Abiétacées qui regroupent les conifères tels que le sapin, le pin, le cèdre, la pruche. Les essences de ces arbres se trouvent généralement dans les aiguilles et la résine de leur tronc. Cependant, il est également possible d’en trouver dans leurs bourgeons et les cônes. Les huiles essentielles des Abiétacées comprennent majoritairement trois familles de composants biochimiques : les monoterpènes, les esters monoterpéniques et les cétones sesquiterpéniques.
Les Apiacées comprennent un grand nombre de genres, parmi eux on retrouve l’angélique, la coriandre, le fenouil par exemple. Les Apiacées, également connue sous le nom « d’ombellifères » sont habituées aux climats tempérés, et nous les retrouvons généralement dans l’hémisphère nord. Les essences se trouvent dans leurs racines, feuilles ou fruits, et la presque totalité des familles biochimiques s’y trouvent.
Les Astéracées forment la plus grande famille du règne végétal. On retrouve la camomille, l’estragon, ou encore l’hélichryse parmi cette grande famille diversifiée. Sa distribution est également peu commune, puisque nous la retrouvons sur tous les continents, et dans tous les climats. Ces plantes sont généralement des herbes ou des arbrisseaux. La plupart produisent des essences et sont utilisables en aromathérapie, les Astéracées sont donc connues pour la diversité de leurs composants biochimiques.
Les Cupressacées est une famille très proche des Abiétacées, elle se compose d’arbres connus tels que le cyprès, le genévrier. Cette famille se rapproche de la famille des Abiétacées, par sa composition d’arbres connus tel que le cyprès. L’huile essentielle de ces plantes vient principalement de la résine de l’arbre.
Les Ericacées ; cette famille comprend deux genres très intéressants en thérapeutique la gaulthérie et le lédon. Les Ericacées sont surtout des plantes herbacées, que l’on peut trouver dans les régions tempérées assez froides, ou en grande altitude dans les zones tropicales.
Les Géraniacées contiennent deux genres intéressants également, le géranium et le pélargonium. Ce sont des plantes herbacées, des arbrisseaux ou des arbustes, principalement issus des régions tempérées à subtropicales.
Les Lamiacées sont une grande famille représentée par les lavandes, les menthes, les marjolaines, etc... Composée de 2700 espèces, la famille de Lamiacées est représentée par des herbes ou des arbustes, préférant les zones tempérées chaudes. Les essences de ces plantes se trouvent dans les tiges et les feuilles. Leurs huiles essentielles sont très puissantes, il faut les utiliser avec précaution.
Les Lauracées représentent également une importante famille botanique par leur nombre. Parmi les plantes retrouvées on peut citer, le laurier, la cannelle, le ravintsara. Les arbustes et arbres qui composent cette famille sont très verts et se trouvent dans les zones tropicales. Leur intérêt thérapeutique est important, les essences sont dans différentes parties de la plante (les feuilles, les troncs, les branches, les racines ou les fruits), et ont des propriétés diverses.
Les Myrtacées est une famille composée des bien connus eucalyptus, tea tree. Pas moins de 3000 espèces composent cette grande famille, avec également une centaine de genres. Ayant une préférence pour les régions chaudes, les plantes sont généralement des arbres, des arbustes, voir des arbrisseaux. Les essences de ces plantes aromatiques se trouvent dans les feuilles, les bourgeons, les fleurs ou les fruits.
Les Poacées sont des graminées aromatiques comme les Cymbopogon. Les plantes de la famille des Poacées sont très précieuses pour l’organisme humain. Elle est composée de près de 7000 espèces différentes, et se trouve surtout dans les pays tropicaux. Ce sont des plantes herbacées, dont l’huile essentielle est extraite des feuilles.
Les Rutacées comprennent les agrumes tels que le citron, le petit grain bigarade, l’orange douce. La famille des Rutacées comporte quelques 2000 espèces, réparties dans 150 genres différents. Ces arbres viennent des régions tropicales et subtropicales, et les essences tirées des fruits et des feuilles sont importantes tant au niveau quantitatif que qualitatif. De plus, leur extraction est très simple.
Les Zingibéracées sont une plus petite famille dont les huiles essentielles sont rares. On retrouve par exemple le curcuma, le gingembre, la cardamome, etc… La « petite » famille des Zingibéracées, de presque 1500 espèces, généralement intertropicales, est représentée par des herbes à essences particulières et réputées. Cependant, leur extraction étant difficile, les huiles essentielles tirées de cette famille sont rares.
Lorsque l’on parle du genre de la plante il s’agit du premier mot retrouvé généralement dans le nom latin. Par exemple, les différentes lavandes ont un genre en commun : Lavandula.
Pour ce qui est de l’espèce, c’est le nom qui suit qui vous l’indique. A ce niveau, on remarque déjà des différences entre plusieurs Lavandes par exemple. La Lavande Vraie est connue sous le nom Lavandula (genre) officinalis (espèce) alors que la Lavande Aspic elle s’appelle Lavandula (genre) latifolia (espèce).
Et puis, pour certaines plantes le nom latin se complique même puisqu’il tient compte parfois des sous-espèces (ssp), de la variété cultivée (var.), si l’on a affaire à un hybride (x) (c’est-à-dire une variété issue du croisement de deux espèces) et souvent le nom botanique comprend le nom de la personnalité ayant décrit la plante en premier.
C’est le cas par exemple de la description de la plante par Carl Von Linné (L.), fondateur de la science botanique ou d’autres botanistes célèbres, Miller, Medikus, Rauschert, et bien d’autres… On les aime nos botanistes, même s’ils sont un peu narcissiques dans l’air…
Si on prend l’exemple de l’huile essentielle de Lavande Aspic, elle est définie par le nom latin suivant :
Lavandula latifolia (L.) Medikus
L’aromathérapie exige une rigueur et une attention toute particulière à l’égard du nom entier (genre, espèce, sous-espèce, variété…) de la plante utilisée pour obtenir une huile essentielle.
/! Passer à côté de cette réalité peut entraîner de légers soucis voire, osons le dire, des problèmes plus que sérieux. Par exemple, différentes espèces d’Hysope, un arbrisseau de la famille des Lamiacées, peuvent donner des huiles essentielles complètement différentes. L’Hysope montana peut être utilisée sans souci en cas d’infections ORL, alors que l’Hysope officinale est exclusivement délivrée sur ordonnance car elle peut être neurotoxique et provoquer des crises d’épilepsie…
Comme nous venons de le voir, à partir d’un même genre de plante, différentes espèces peuvent exister. C’est le cas pour les Lavandes (Lavandula latifolia, Lavandula angustifolia…) mais aussi les Menthes (Mentha piperita, Mentha viridis…) et bien d’autres encore. Dans ce cas, la différence est claire et visible dès la lecture du nom latin qui caractérise la plante utilisée pour obtenir l’huile essentielle. Vous ne pourrez plus vous y méprendre, lisez le nom latin et ne parlez plus d’huile essentielle de Lavande ou d’huile essentielle de Menthe...
Cependant, et là où ça se complique, c’est quand on introduit cette notion de chémotype (vous pouvez le prononcer à votre guise on ne vous en voudra pas…).
Le chémotype correspond à la carte d’identité biochimique de la plante en question. C’est à dire la liste des molécules présentent dans l’huile et leur concentration. Deux plantes identiques, c’est à dire qui appartiennent au même genre ET à la même espèce pourront produire des huiles essentielles totalement différentes. Ces différences sont alors visibles au niveau de la composition biochimique de ces huiles. Des molécules chimiques différentes ou des proportions différentes de celles-ci d’une huile à l’autre devront vous alerter. Car, nous espérons que vous avez retenu la leçon, qui dit molécules différentes dit… propriétés différentes ! Bravo, vous pouvez vous applaudir :)
Mais alors à quoi est due cette différence entre deux huiles issues de la même espèce ?
Selon le climat, la composition du sol, l’altitude, la période de récolte, une plante ne se développera pas de la même manière. En effet, si l’on prend l’exemple du Romarin, Rosmarinus officinalis donnera trois sortes de Romarins selon sa provenance géographique :
En résumé, de nombreuses confusions sont possibles ; ma tante m’a parlé de Lavande officinale, mon pharmacien me parle de Lavande Vraie et mon mari lui n’en peut plus de cette Lavande que j’utilise à toutes les sauces. Alors différentes règles sont utiles à récapituler...
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Ouvrage : de la Charie, T. (2019). Se soigner par les huiles essentielles. Pourquoi et comment ça marche ? Editions du Rocher.
Cet article d'aromathérapie a été rédigé par Théophane de la Charie, auteur du livre "Se soigner par les huiles essentielles", accompagné d'une équipe pluridisciplinaire composée de pharmaciens, de biochimistes et d'agronomes.
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