La gemmothérapie étudie les tissus embryonnaires des plantes, qui renferment tout le matériel génétique de la future plante adulte : bourgeons, radicelles, et jeunes pousses. Pour profiter des bienfaits de ces jeunes parties de plantes, on les utilise sous forme de macérat de bourgeons. Elles sont donc mises à macérer dans un solvant composé d’alcool, d’eau et de glycérine. Ces trois ingrédients permettent d’extraire tous les principes actifs des bourgeons et jeunes pousses. Ils ont donc chacun leur intérêt. Il existe deux grandes méthodes de fabrication pour les macérats de bourgeons : le macérat glycériné 1D et le macérat concentré. La méthode du macérat concentré est aujourd’hui beaucoup plus utilisée, car c’est la seule qui rassemble dans son solvant les trois ingrédients indispensables. Elle est par ailleurs, comme son nom l’indique, beaucoup plus concentrée. La dose journalière à prendre est donc plus faible, ainsi que la quantité d’alcool ingérée.

Macérat glycériné 1D et macérat concentré : quelles différences ?

On distingue 2 grandes méthodes de fabrication des macérats de bourgeons. En premier lieu, il y a eu la méthode du Dr Pol Henry et Max Tétau, les précurseurs de la gemmothérapie, appelée “macérat glycériné 1D”. Quelques décennies plus tard, une autre forme de la gemmothérapie est née : le “macérat concentré”. Les deux méthodes ont un point commun : elles reposent toutes les deux sur une macération mère au 1/20ème d’un équivalent poids sec de bourgeons. Cela signifie que les bourgeons vont macérer dans un solvant, et c’est justement la composition de ce solvant qui va différencier les deux méthodes !

Le macérat glycériné 1D

Pour obtenir un macérat glycériné 1D, plusieurs étapes sont nécessaires :

1- Tout d’abord, il faut réaliser le macérat mère. Pour cela, les bourgeons frais sont broyés et mis à macérer au 1/20ème dans un solvant composé de 50% de glycérine et 50% d’alcool à 90°, cela pendant 3 semaines.

2- Le macérat mère subit ensuite une extraction sous forte pression (environs 100 bars !).

3- En dernier lieu, l’extrait obtenu est dilué au 1/10ème dans un mélange composé de 16% d’eau, 34% d’alcool et 50% de glycérine.

En définitive, le macérat glycériné 1D est un extrait très dilué, au 1/200ème au total. Cette forte dilution implique une posologie de 150 gouttes par jour. Il s’agit d’une dilution homéopathique, c’est la dilution Hahnemannienne : 1 part de macérat mère est prélevée et diluée dans 9 parts de solvant, puis le tout est énergiquement agité afin de dynamiser le mélange. C’est pour cela que les macérats glycérinés sont qualifiés de 1D ou 1DH, pour décimale (proportion de 1 pour 10) Hahnemannienne !

Le macérat concentré

Le macérat concentré est aujourd’hui la méthode la plus utilisée. Elle nécessite elle aussi plusieurs étapes pour sa fabrication qui sont comparables en tous points à celle du macérat glycériné 1D :

1- En premier lieu, les bourgeons frais entiers sont mis à macérer au 1/20ème dans un solvant composé de 33% d’eau, 33% d’alcool à 90°, et 33% de glycérine végétale, cela pendant 20 jours et sous agitation constante.

2- Le macérat mère est ensuite filtré par gravité, puis les résidus subissent une extraction par pression douce afin de ne pas altérer les extraits végétaux.

3- En dernier lieu, les extraits filtrés et pressés sont mélangés afin de rassembler tous les principes actifs extraits, et d’obtenir ainsi un produit le plus complet possible.

En définitive, le macérat concentré est, comme son nom l’indique, 10 fois plus concentré que le macérat glycériné 1D puisque le macérat mère n’est pas dilué. L’utilisation de ce solvant, et l’absence de dilution par la suite apporte 2 grands intérêts. Tout d’abord, cela réduit considérablement la posologie unitaire : 5 à 15 gouttes par jour sont suffisantes contre 50 à 150 gouttes pour le macérat glycériné. On ingère ainsi une quantité d’alcool bien moins importante avec les macérats concentrés, ce qui rend son utilisation plus souple pour les utilisateurs sensibles comme les enfants ou les femmes enceintes ! Enfin, la présence d’eau dans le solvant permet l’extraction de composés hydrosolubles, et rend ainsi possible l’extraction d’une plus large palette de principes actifs, comme nous allons le voir par la suite.

Intérêt des solvants

Utiliser différents solvants permet d’extraire tous les principes actifs de l’extrait végétal. En effet, ceux-ci peuvent avoir des solubilités différentes selon leur composition chimique. On comprend mieux l’importance de l’eau dans le solvant du macérat concentré ! Celui-ci est considéré comme plus riche puisqu’il permet l’extraction de plus de principes actifs. Voyez plutôt !

L'eau que l’on ne retrouve que dans le macérat mère du macérat concentré, permet d’extraire les principes actifs suivants

  • les oligo-éléments
  • les tanins
  • les sels minéraux
  • les flavonoïdes hydrosolubles
  • les vitamines hydrosolubles
  • certains acides hydrosolubles
  • tout autre dérivé hydrosoluble

L’alcool a quant à lui son importance pour extraire :

  • les alcaloïdes
  • les hétérosides
  • les glycosides
  • certains acides

Il a aussi et surtout son importance dans la conservation du macérat !

La glycérine permet d’extraire les composés suivants

  • les huiles essentielles
  • les flavonoïdes liposolubles
  • les vitamines liposolubles
  • les cires et gommes
  • certains acides liposolubles

Elle tient elle aussi une double importance, puisqu’elle permet de stabiliser le mélange et d’éviter la détérioration des molécules.

Les complexes de bourgeons : une histoire pas si compliquée !

Tout comme il existe des synergies d’huiles essentielles, les bourgeons peuvent eux aussi combiner leurs actions au sein d’un même produit pour potentialiser leurs effets. On les appelle des complexes. Il existe toutefois différentes formes de complexes.

La première forme est assez simple : il s’agit de faire macérer les bourgeons séparément, puis de mélanger les macérats lors de la mise en flacon. Le potentiel du mélange ne se formera qu’au moment du conditionnement en quelques sortes.

La deuxième méthode est un peu plus complexe, sans mauvais jeux de mots. Les bourgeons à associer sont directement mélangés après la récolte, qui doit se faire à la même période, puis macérés dans la même cuve de solvant. Ainsi, l’extraction des principes actifs de tous les bourgeons se fait au même moment. Il ne s’agit donc pas ici d’une simple addition de différents produits, mais bien d’un nouveau produit à part entière.

Dans les deux cas, les complexes vont rassembler des bourgeons ayant des activités sur un même système, pour que ce soit encore plus actif. Si une telle forme n’était pas conseillée à l’époque, c’est parce que le Dr Tétau et le Dr Henri supposaient l’existence d'interactions entre les constituants, pouvant modifier voire altérer leurs propriétés. Toutefois, ils n’étaient pas contre associer différents macérats de bourgeons directement dans un verre d’eau, ce qui représente également une forme de complexe au final ! Actuellement, aucune interaction n’a été prouvée ni observée, c’est pourquoi les complexes sont aujourd’hui très communs sur le marché.

Qualité des macérats de bourgeons : quels sont les critères à respecter ?

Un bon macérat de bourgeon est avant tout un macérat qui concentre les bienfaits de bourgeons BIO. Pour le vérifier, rien de plus simple ! Les macérats concentrés sont régis par la réglementation des compléments alimentaires. Ils doivent donc avoir le logo AB, et le logo Agriculture Bio Européen, celui avec la feuille verte. Cela garantit que le produit est composé d’au moins 95% d’ingrédients issus du mode de production biologique. 95% ? Mais il n’y a pas autant de bourgeons dans un macérat concentré ! Eh oui, c’est parce que ce ne sont pas les seuls à être BIO. Si l’eau ne peut pas l’être, puisqu’il s’agit d’un produit non agricole, la glycérine et l’alcool eux le peuvent. Et puisqu’ils représentent une grosse partie du macérat, pas le choix, il faut du BIO !

Pour conserver le label BIO, il faut respecter un cahier des charges. Dans celui-ci est notamment stipulé l’absence de pesticides, OGM et engrais chimique de synthèse pour la production des ingrédients. Cela fait donc partie des tests réalisés sur les macérats concentrés, garantissant encore une fois un produit sûr.

Enfin, les flacons de macérats doivent mentionner la dénomination générale, le nom latin de la plante, la liste des ingrédients (qui doit se réduire à de la glycérine végétale, de l’eau, de l’alcool et des bourgeons), et le mode d’emploi, entre autres.

Faire ses propres macérats de bourgeons : c’est possible !

Réaliser soi-même des macérats de bourgeons ne relève pas de la sorcellerie… Enfin peut être aux yeux de ceux qui vous croiseront en train de cueillir des bourgeons !

Pour réaliser un macérat de bourgeons, il vous faut des bourgeons. Jusque là, tout va bien. Ceux-ci sont cueillis sur des plantes ligneuses, c’est à dire qui fabriquent de la lignine, une macromolécule qui confère toute la solidité à la plante. On en retrouve beaucoup dans le bois par exemple. On récolte généralement les bourgeons au début du printemps, c’est à ce moment là qu’ils peuvent laisser apparaître les jeunes pousses, qu’on récolte également !

Le procédé de fabrication est relativement simple. En effet, la gemmothérapie nécessite peu de matière végétale, et aucun outil spécifique (pas d’alambic par exemple !), juste un récipient pour y mettre les bourgeons. Pour conserver au mieux les bourgeons pendant la récolte n’hésitez pas à partir à la cueillette avec un fond de solvant dans les récipients : un mélange d’⅓ d’eau de source, de préférence, ⅓ d’alcool, et ⅓ de glycérine (végétale, s’il vous plait !). Au préalable, il est également conseillé de bien stériliser tout le matériel afin de limiter les risques microbiologiques. Après la récolte, pesez votre matière végétale puis faites macérer 1 part de bourgeons que vous aurez bien tassé au fond du récipient, dans 19 parts de solvant. 20 jours plus tard, filtrez votre mélange à l’aide d’un tamis le plus fin possible, puis transvasez votre filtrat dans des flacons ambrés munis de compte-gouttes ou de pipettes, puis conservez-les à température ambiante et à l’abri de la lumière.

Comme l’origine de la glycérine peut parfois porter à confusion, puisque celle-ci n’est pas toujours précisée, et que la glycérine peut être à l’origine de troubles digestifs, certaines sources bibliographiques proposent d’utiliser à la place du miel ou du sirop d’agave, dont l’origine est plus facile à vérifier.

Bref, faire ses bourgeons soi-même peut paraître simple, mais le plus dur reste de choisir des matières premières de qualité. En effet, s’il est donné à tout le monde d’aller récolter des bourgeons de vigne dans le champs d’à côté, rien ne vous garantie que celui-ci n’a pas été traité avec des produits chimiques. Acheter vos macérats vous garantit ainsi un produit BIO, issu de matières premières de qualité.

Jeunes pousses ou bourgeons ?

On peut se poser la question : faut-il cueillir les jeunes pousses ou les bourgeons ? Il s’agit surtout d’une question de praticité. Les jeunes pousses sont préférées pour les espèces dont les bourgeons sont particulièrement petits, ou pour les résineux aux petites aiguilles qui piquent ! Pour toutes les autres espèces, on choisira plutôt les bourgeons. Attention toutefois à ne pas prendre d’assaut tous les bourgeons d’un même arbre, et à ne pas cueillir de manière intensive, la nature vous offre ses trésors, respectez-la ;)

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Bibliographie

Ouvrage : Piterà di Clima, F., & Nicoletti, M. (2018). Précis de gemmothérapie - Fondements scientifiques de la Méristémothérapie. Éditions Amyris.

Ouvrage : Boistard, S. (2016). Gemmothérapie - Les bourgeons au service de la santé - Guide pratique et familial. Éditions de Terran.

Ouvrage : Andrianne, P. (2011). Traité de gemmothérapie : La thérapeutique par les bourgeons. Éditions Amyris.

Ouvrage : Halfon, R. (2011). La gemmothérapie - La santé par les bourgeons. Éditions Dangles.

Ouvrage : Ledoux, F., & Guéniot, G. (2014). La phytembryothérapie : L'embryon de la gemmothérapie. Éditions Amyris.

Ouvrage : Pineau, L. (2019). Le grand livre de la gemmothérapie. Leduc.s Éditions.